Archives Mensuelles: juin 2016

Les « 4 R » de l’écosocialisme

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L’AGAUREPS-Prométhée organisait une réunion publique jeudi 22 juin à Thuir. Elle portait sur l’écosocialisme. Elle était animée par le Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, Francis Daspe.

« L’écosocialisme part de la nécessité de produire et de consommer autrement. Il se présente comme une alternative au capitalisme », indiquait en préalable Francis Daspe. Il repose sur les « 4 R ». La relocalisation de l’activité vise à rapprocher les lieux de production des lieux de consommation en favorisant les circuits courts. La ré-industrialisation écologique a pour objectif de développer les filières vertes d’avenir permettant de réduire notre dépendance aux ressources épuisables. La reconversion de l’outil industriel devra répondre aux besoins en termes de logement (éco-construction, rénovation thermique, efficacité énergétique etc.) La redistribution concernera autant les richesses afin de favoriser une véritable politique de la demande que le travail.

« Nous constatons qu’il existe de nombreux besoins sociaux et écologiques qui ne sont pas satisfaits. Y répondre créerait des emplois de proximité, pérennes car non délocalisables », poursuivait Francis Daspe. Avec l’écosocialisme, il n’y a pas contradiction entre création d’emplois et protection de l’environnement. « Au contraire, les deux se conjuguent pour ouvrir la voie à la nécessaire transition écologique ». L’écosocialisme est bien un projet global porteur de ruptures radicales pour l’AGAUREPS-Prométhée.

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L’écosocialisme, une alternative globale

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Devant l’ampleur des crises écologique, économique, sociale et démocratique, les réponses traditionnelles restent inefficaces. Il existe cependant un projet novateur d’alternative globale : planification écologique, économie fondée sur la satisfaction des besoins sociaux, réel partage des richesses, marche vers une 6° République. C’est l’écosocialisme.

 

L’AGAUREPS-Prométhée organise une réunion publique à Thuir jeudi 23 juin 2016 pour populariser le projet écosocialiste.

 

Conférence/débat animée par Francis DASPE, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, jeudi 23 juin 2016 à Thuir, à 19 heures, Maison des Jeunes et de la Culture (salle du 3° âge), sur le thème « Pour un projet global de rupture et de transition : l’écosocialisme. Entrée libre.

 

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LETTRE DU MOIS DE L’AGAUREPS-PROMÉTHÉE N° 122 Mai / Juin 2016

Sommaire du numéro 122 

  • Dossier « Pratiques quotidiennes de l’oligarchie en Ile-de-France », Tribunes de François COCQ page 3
  • Dossier « Loi Travail El Khomri et 49-3 », Tribunes de François COCQ et de Francis DASPE page 7
  • Tribune de Francis DASPE « Briser les plafonds de verre» page 11
  • Agenda AGAUREPS-Prométhée Réunion sur l’écosocialisme à Thuir page 12

 

Pratiques quotidiennes de l’oligarchie en Ile-de-France 

François COCQ, Delphine FENASSE, Quand Veolia et ses complices ferment les robinets aux choix démocratiques

François COCQ, Lycées privés et PPP : Pécresse Préfère le Privé

 

Quand Veolia et ses complices ferment le robinet aux choix démocratiques

François Cocq est conseiller territorial (Parti de Gauche) de l’EPT « Paris Est Marne et Bois » de la commune de Champigny-sur-Marne (94). Il est également président de l’AGAUREPS-Prométhée.

Delphine Fenasse est conseillère territoriale (Parti de Gauche) de l’EPT « Paris Est Marne et Bois » de la commune de Fontenay-sous-Bois (94). Elle siège comme déléguée de sa commune au Comité du Sedif.

Au compte-gouttes, la réforme territoriale continue à noyer la démocratie. Non contente d’éloigner les citoyen-ne-s de la prise de décision, elle voit parallèlement les élu-e-s contribuer à soustraire la délibération au regard populaire. La bataille de l’eau l’illustre de manière tragique.

 

La tendance est à la remunicipalisation de la gestion de l’eau. Ces dernières années, près de 300 villes, dans la diversité de leurs appartenances politiques, ont fait ce choix (Nice, Montpellier, Saint-Pierre-des-Corps, Troyes ou Brest…) à la suite de mobilisations citoyennes. Pour couper court à cette remise en cause de l’hégémonie du privé sur la distribution d’eau, spécificité française à l’échelle internationale, les grandes multinationales ont soufflé la solution à l’oreille des législateurs : la loi NOTRe dessaisit les communes de leurs prérogatives en matière d’eau et d’assainissement, celles-ci devant être transférées aux intercommunalités au plus tard le 1er janvier 2020.

Sans attendre, dans le cadre de la Métropole du Grand Paris, les 11 nouveaux territoires ont pris les devants et doivent décider avant le 1er janvier 2018 du mode de gestion qu’ils vont concéder sur les questions de l’eau. L’enjeu a valeur d’exemple : face à la remunicipalisation qui a eu lieu à Paris en 2009-2010, l’approvisionnement et la distribution de l’eau en Île-de-France ont été concédés par 149 villes au Sedif (le Syndicat des eaux d’Île-de-France), simple interface sur laquelle règne Veolia. Mais des collectivités se sont mises en rupture de ban, comme la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne qui a lancé sa propre régie publique. La métropolisation est donc l’occasion pour l’oligarchie de l’eau non seulement de conforter sa mainmise en renouvelant les contrats existants mais aussi de faire rentrer dans le rang les récalcitrants, en faisant tomber, à l’occasion des regroupements, des régies publiques qui fonctionnaient jusque-là.

 

Pour cela, Veolia et les élu-e-s aux ordres s’empressent de court-circuiter tout débat démocratique. L’exemple de l’Établissement public de territoire (EPT) « Paris Est Marne & Bois » (510 000 habitants, Val-de-Marne) est édifiant. Jusqu’à sa mise en place au 1er janvier 2016, 12 des 13 communes qui le composent avaient concédé leur gestion de l’eau au Sedif, donc de facto à Veolia. Une ville, Saint-Maur des Fossés, disposait d’une régie publique historique. Cinq mois seulement après l’installation de l’EPT, et donc vingt mois avant la date requise, le prochain Conseil territorial du 3 mai est appelé à se prononcer sur l’adhésion de l’ensemble du territoire au Sedif, la régie existante ayant été entre-temps démantelée. Aucune piste alternative, se basant sur la régie de Saint-Maur et un partenariat avec Eau de Paris voisin, n’a été explorée. Au contraire, la précipitation a été la règle : l’ordre du jour de la séance est tombé 5 jours avant celle-ci coupant court à tout dialogue citoyen sur le sujet !

Il faut dire que la célérité de certains élus s’explique aussi par le cumul des responsabilités institutionnelles : maires ou adjoints municipaux, membres de l’exécutif de l’EPT, siègent ès qualité dans les instances du Sedif… Ce sont eux qui ont renouvelé le contrat longue durée de Veolia, alors même qu’Eau de Paris a fait la démonstration qu’elle propose une eau de qualité équivalente pour un prix inférieur de 30 % à celle fournie par le Sedif. En termes de fuite des canalisations, les régies sont largement plus performantes que le privé : selon une étude de  mars 2014 de Fondation France Libertés, 1300 milliards de litres d’eau sont perdus en France chaque année à cause d’un mauvais entretien (soit entre 20 % et 25 % de la consommation totale) quand les régies municipales se trouvent parmi les meilleures élèves à l’image de Paris (8,3%).

Les manœuvres pour maintenir Veolia en poste à travers le Sedif interpellent. Elles visent à faire oublier que Veolia viole ostensiblement la loi Brottes en continuant à couper l’eau aux usagers, comme l’a confirmé sa condamnation par le tribunal d’instance de Puteaux le 15 janvier 2016 pour une réduction de débit d’eau illégale à Toulon ou sa condamnation en référé le 18 mars 2016 pour lentillage. Ce qui n’a pas empêché l’entreprise d’adresser à la victime un rappel de facture de 140,80 euros correspondant aux frais de « remise en eau » ! Peu importe que son PDG ait augmenté sa rémunération en 2015 de 9,32 % (ce qui l’établit à 2,31 millions d’euros) quand dans le même temps c’est 0% depuis deux ans pour ses salariés.

 

L’eau ne peut être traitée comme une marchandise. Elle est un bien commun qui a une toute autre valeur que son coût de traitement ou même son prix. La municipalisation est un moyen de faire de l’éducation populaire sur la question de la ressource en eau, de sensibiliser et de mobiliser les usagers pour que l’eau redevienne une source de lien social, et de responsabilité citoyenne devant les grands enjeux écologiques.

Le choix sur le mode de gestion doit  être posé devant les citoyens et non être tranché précipitamment dans le secret par quelques élus trop pressés pour être désintéressés. Le calendrier permet aujourd’hui de prendre le temps du débat populaire. Faute de quoi la réforme territoriale ferait déjà la démonstration qu’elle est une construction a-démocratique au service des multinationales qui dessaisit les citoyens de tout regard et de toute souveraineté sur les choix qui y sont faits.

François COCQ et Delphine FENASSE

03 / 05 / 2016

 

Lycées privés et PPP : Pécresse Préfère le Privé

Jeudi 19 mai, la présidente de la région Île de-France Valérie Pécresse a lancé la révision du PPI (programme pluriannuel d’investissement) pour les constructions et rénovations des lycées entre 2012 et 2022. Presque sans surprise, elle a ouvert la porte aux partenariats publics-privés (PPP). Et ce n’est pas le PS qui risque de s’y opposer : c’est Claude Bartolone lui-même qui a ouvert la voie à ce pillage de l’argent public en l’utilisant en Seine-Saint-Denis avant d’en faire un argument de campagne à l’occasion des régionales de 2015.

 

Avec les PPP, c’est le BTP qui se frotte les mains en attendant de recevoir de juteux loyers. Agnès Evren, vice-présidente LR chargée de l’éducation, entend en effet y recourir pour répondre « au double défi de la qualité et de la rapidité ». Et comme de bien entendu, le contre-exemple avancé face aux lenteurs constatées pour la rénovation et la construction des lycées est… « la Seine-Saint-Denis, [où] le conseil départemental a réalisé douze collèges en quatre ans… ». L’arroseur arrosé.

Sauf que justement la politique initiée par Claude Bartolone en Seine-Saint-Denis devrait être l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire : 5 nouveaux collèges ont été livrés en 2014 et 7 autres ont été rénovés par ce biais. Coût de l’opération ? 136 millions d’euros d’investissement public (60 %) et des redevances versées aux géants du BTP Eiffage et Fayat qui se montent  à 22 millions de loyer par an pendant 20 ans ! Ardoise pour le contribuable ? 576 millions d’euros ! A ce prix là, on peut aisément faire plus d’une vingtaine de collèges neufs !

Pour autant, Claude Bartolone avait continué à se vautrer dans les PPP à l’occasion de la campagne des régionales. On se souvient que le candidat PS s’était empressé de ressortir des cartons la proposition de Nicolas Sarkozy et Christian Blanc de réaliser le métro Grand Paris Express via des PPP : « Et s’il faut rentrer dans des systèmes de financement innovants pour surmonter d’éventuelles difficultés, cela ne me dérange pas – j’ai eu recours aux PPP en Seine-Saint-Denis pour rénover et construire des collèges » tandis que Valérie Pécresse envisageait la même option pour financer les lignes 16, 17 et 18.

 

Qu’ils soient abrutis par la pensée unique du poids de la dépense publique et de la dette ou que leur révérence oligarchique les incline à servir leurs semblables, droite et PS renoncent à l’investissement public pour préparer l’avenir et préfèrent laisser le privé se goinfrer sur le dos des contribuables et des usagers. Pourtant, le rapport parlementaire Sueur et Portelli fait au nom de la commission des lois et déposé le 16 juillet 2014 met en garde contre l’utilisation des PPP : « Il s’avère que la personne publique qui engage un tel contrat de partenariat (en particulier les collectivités territoriales) se contente d’analyser les enjeux immédiats sans apprécier l’ensemble des risques sur toute la durée du contrat. L’insuffisance de la prise en compte des enjeux financiers liés à un contrat de partenariat s’apparente à une « bombe à retardement » pour les générations futures ».

 

Une fois encore et malgré les mises en garde, c’est l’Ecole qui passe sous les fourches caudines des petits arrangements entre amis. Le partenariat public privé est l’outil du renoncement de la puissance publique et de sa mise au service des grands groupes privés par la concession de pans entiers du service public. Les pratiques frauduleuses mais légales du pouvoir se perpétuent et se nourrissent les unes des autres par-delà les étiquettes.

Le silence est d’or quand l’arnaque est partagée. Changer les uns pour les autres ne sert à rien, ils sont pareillement soumis au système. C’est l’ancien monde que la France insoumise devra balayer.

François COCQ

20 / 05 / 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loi Travail El Khomri et 49-3

François COCQ, Loi travail et 49-3 : une parodie démocratique à grand spectacle

Francis DASPE, A trop méconnaître l’Histoire…

 

Loi travail et 49-3 : une parodie démocratique à grand spectacle

François Hollande nous avait habitués au burlesque. Le voilà passé maître dans l’art de la parodie. Le clap de fin vient en effet de retentir avec l’annonce prétendument inopinée ce mardi 10 mai en fin de matinée de la tenue d’un « conseil des ministres extraordinaire» … convoqué pour 14h30. Au menu, l’annonce du recours à l’article 49 alinéa 3 de la constitution pour imposer la loi travail sans vote. Mais la mise en scène pour court-circuiter la démocratie et légitimer le passage en force était bel et bien réglée et étalée sur plusieurs semaines. Retour sur le making of.

 

La première partie du scenario s’est jouée dans la rue : en refusant le dialogue puis en jouant du bâton et en instrumentalisant la violence, le gouvernement a tout fait pour briser la mobilisation populaire. Le 28 avril, alors même qu’après la grosse mobilisation du jour le secrétaire général de la CGT s’apprêtait en soirée à se rendre place de la République pour s’exprimer devant Nuit debout, les débordements ont pu avoir libre cours pour mieux disqualifier l’ensemble du mouvement. Tout cela est connu et nous n’y reviendrons pas plus longuement ici. Il était toutefois utile de le rappeler car c’est la fin de l’acte 1 qui permet le passage à l’acte 2, où quand le Parlement fait mine d’entrer en scène.

Tous étaient pourtant prévenus : les débats parlementaires qui devaient débuter le 3 mai (clin d’œil cynique du metteur en scène à la date anniversaire des 80 ans du Front populaire) ne devaient souffrir d’aucune contestation faute de quoi ils seraient ajournés. Dès le 17 février dans le journal Les Echos, Myriam El Khomri répondait à la question de savoir si elle était « prête à utiliser le 49-3 si cela s’avère nécessaire », par une menace explicite : « Avec le Premier ministre, nous voulons convaincre les parlementaires de l’ambition de ce projet de loi. Mais nous prendrons nos responsabilités. » Le décor était planté.

Arrivé au Parlement, le projet de loi travail aurait dû faire l’objet d’un riche débat : 5000 amendements étaient en effet déposés. De quoi permettre l’échange et le travail. Et quand bien même certains dont je suis jugent ce texte inamendable car c’est sa philosophie même qui est en cause, à savoir l’inversion de la hiérarchie des normes, la discussion parlementaire aurait-elle au moins conféré une légitimité de la représentation à ce texte à défaut de bénéficier d’une légitimité populaire que le Parlement n’est plus à même de garantir au regard de ses turpitudes passées.

 

Seulement voilà : 14 séances seulement avaient été prévues pour étudier ce texte et ses amendements. Le débat était par ailleurs coupé en deux par le pont du 8 mai et devait s’achever quoi qu’il arrive le jeudi 12 mai, sans même qu’une possibilité de continuer le débat ait été envisagée pour le vendredi. Ce n’est pas même un agenda législatif encombré qui aurait pu justifier cette célérité : il n’y avait pas de séance le 2 mai et il n’y en aura pas la semaine du 16 mai !

Non. Le recours au 49-3 était inscrit dans l’organisation elle-même des débats parlementaires. Jugez plutôt : pour la loi Macron et ses 3000 amendements, 29 séances avaient été programmées. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement de passer en force. Déjà. Pour la loi travail, il y avait deux fois moins de séances pour presque le double d’amendements ! Il faut dire que le 49-3 possède une vertu pour le gouvernement : il permet d’interrompre les débats et de faire tomber tous les amendements restants. D’ailleurs, en attendant l’utilisation du 49-3, Myriam El Khomri n’a pas hésité à demander dès le lundi et dès l’examen de l’article 1 la réserve des votes, c’est-à-dire le refus de tous les votes par article pour ne pas risquer d’apparaître minoritaire sur un vote intermédiaire.

L’épisode parlementaire n’était donc qu’une vitrine médiatique proposée par Hollande et Valls tandis que le scenario était ficelé dès le départ, avec qui plus est l’acquiescement complice des autres groupes, l’ordre du jour et l’organisation des débats relevant de la conférence des présidents. Sous la direction de Hollande, la démocratie se confond avec la société du spectacle.

 

Ici, la démocratie se parodie. Le cadre, les personnages, le style et le fonctionnement d’une institution sont utilisés pour s’en moquer. Pour cela, la parodie utilise entre autres l’inversion et l’exagération des caractéristiques du sujet mis en scène : par son passage en force, par la négation du mouvement populaire et la mise sous l’éteignoir du débat parlementaire, par la visée oligarchique du texte lui-même, François Hollande singe la démocratie du haut de son fauteuil monarchique. La parodie démocratique va plus loin encore en ce qu’elle est une pratique de subversion qui disqualifie les opposants : d’abord les manifestants dans la rue, puis les syndicats de lutte, ensuite les parlementaires opposés au texte. Jusqu’au matin même où Manuel Valls recevait une délégation de députés dits « frondeurs » du PS pour faire acter par la vox populi leur refus du compromis. Jusqu’où les uns et les autres se prêtent-ils à ce jeu de dupes ?

Inacceptable sur le fond, le projet de loi travail aura également fait sur la forme la démonstration que notre système institutionnel agonise. Au point de s’effacer derrière une parodie de ce qu’il est sensé représenter.

François COCQ

10 / 05 / 2016

 

 

A trop méconnaître l’histoire…

Cette tribune a été diffusée en tribune libre sur le site du Plus de L’Obs le 16 mai 2016, sous le titre « Valls et le 49-3 : une dérive autoritaire. Cet acte sonne le glas de la Ve République ».

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1515863-valls-et-le-49-3-une-derive-autoritaire-cetacte-sonne-le-glas-de-la-ve-republique.html

Le gouvernement Valls a décidé le 10 mai d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer en hâte le projet de loi Travail de la ministre El Khomri. La date n’est pas anodine. Trente cinq ans jour pour jour après l’élection d’un premier président de gauche dans la Ve République, cette véritable forfaiture démocratique prend une résonnance particulière.

 

10 mai 1848, 10 mai 1981, 10 mai 2016…

 

Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand témoignait que l’alternance était possible dans cette Ve République taillée sur mesure à la personnalité bonapartiste de Charles de Gaulle et aux penchants oligarchiques de la droite. La monarchie républicaine pouvait s’effacer un tant soit peu devant la volonté populaire, ce qui alors n’était pas évident comme l’indiquaient les saillies sur le prétendu péril de la « gauche socialo-communiste », et les craintes que les chars soviétiques ne défilent sur les Champs-Élysées le 14 juillet suivant…

Le 49-3 permet le contournement brutal des élus du peuple : il congédie également le peuple en lui confisquant sa souveraineté. Cet acte, dérive autoritaire supplémentaire d’un régime politique ayant dépassé sa date de péremption, sonne en fin de compte le glas de cette Ve République. Le 10 mai 1981 fut celui de l’espoir d’une alternance au sein de la Ve République ; le 10 mai 2016 traduit l’impossibilité d’une alternative dans le cadre des institutions de la Ve République. Le 10 mai 1848 se signala par l’abolition (définitive, après une première œuvre de Robespierre en 1794) de l’esclavage.

 

Le débat politique a atteint un niveau déplorable

 

Sans tomber dans l’outrance, ne peut-on pas dire que la loi El Khomri contribue à remettre le salarié à la merci du pouvoir discrétionnaire du patron par l’inversion des normes et la remise en cause de la dimension collective de la relation de travail ? À trop méconnaître l’histoire, on en oublie que tout est symbole ou le redevient.

À trop méconnaître l’histoire, on en oublie également le sens des mots et des réalités. Il en est allé ainsi des curieux éléments de langage répercutés par le gouvernement et les députés godillots restés fidèles. Pour ceux-ci, les députés qui auraient voté la motion de censure seraient « devenus des députés de droite » (sic !). Surprenant retournement de situation qui montre le niveau déplorable du débat politique : censurer une mesure réellement de droite (on a vu par exemple à quel point la sur-taxation des contrats à durée déterminée a disparu au premier éclat de voix du Medef) serait un acte de droite, tandis que ceux qui proposent cette mesure de droite (re)deviendraient les gardiens de l’idéal de gauche…

Il y aurait également beaucoup à dire sur l’incapacité des députés socialistes opposés à la loi El Khomri à recueillir le nombre suffisant pour déposer une motion de censure de gauche. À deux signatures près, c’est vraiment ballot ! Les frondeurs socialistes ressemblent davantage à des couteaux sans lames qu’à de fines lames du combat de l’idéal de transformation sociale.

 

Pour une véritable implication populaire

 

À trop méconnaître l’histoire, on montre à son corps défendant l’urgence d’en finir avec ce vestige anachronique d’un ancien monde politique pour lui substituer une VIe République s’appuyant sur une véritable implication populaire et un réel projet de transformation sociale et écologique.

Cette entreprise ne peut se réaliser dans le cadre de l’appel pour des primaires de gauche et des écologistes qui a définitivement fait pschitt. Pas davantage dans le cadre du aussi peu propulsif appel des 100 qui ressemble furieusement à une dérisoire tentative de repêchage à l’oral du baccalauréat option présidentielle (après avoir échoué aux premières épreuves que l’appel précédent avait constitué).

À l’opposé, la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon qui a débouché sur le mouvement de « la France Insoumise », qui défilera à Paris le dimanche 5 juin, constitue cet espoir d’en finir avec ce vieux monde. Avec tous les vieux mondes.

 

À trop méconnaître l’histoire, on peut parfois contribuer à accélérer l’histoire…

Francis DASPE

16 / 05 / 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Briser les plafonds de verre

Cette tribune est parue sur le site internet de Politis le 2 avril 2016.

http://www.politis.fr/articles/2016/04/briser-les-plafonds-de-verre-34450/

Un sondage Ifop/Fiducial réalisé il y a peu pour Sud Radio est de nature à rebattre de manière radicale les cartes de la prochaine élection présidentielle. Dans la configuration d’une candidature d’Emmanuel Macron soutenue par le Parti socialiste, couplée à une candidature d’Alain Juppé sans la présence du centre de François Bayrou (première partie du scénario de plus en plus plausible avec les fiascos et les impasses du duo de l’exécutif), on assiste à une révolution copernicienne au sein de la gauche. Jean-Luc Mélenchon dépasserait Emmanuel Macron, avec 15% contre 14% à l’ancien banquier d’affaires. Le scénario proposé devient en effet de plus en plus plausible : les fiascos (réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité) et les impasses (projet de loi travail El Khomri) du duo de l’exécutif François Hollande et Manuel Valls ouvrent la voie au recours Macron, le surplace de Nicolas Sarkozy rend évident l’effacement de François Bayrou au profit d’Alain Juppé.

 

Un plafond de verre qui enserrait jusqu’alors la gauche de gauche est en passe de voler en éclats. Il était alors communément admis, depuis la présidentielle de 1969 et le score de Jacques Duclos, que l’hégémonie à gauche était un monopole du candidat socialiste, quel qu’il soit. La bascule peut désormais se réaliser, aux antipodes du prétendu vote utile. La possibilité d’un tel retournement s’explique par le fait que la gauche des idées ne coïncide plus avec la gauche des partis. Dans les faits, c’était vrai depuis assez longtemps, avec le tournant de la rigueur de 1983 pour lequel on n’utilisait pas encore le mot austérité. Dans les mentalités, l’inconscient collectif populaire persistait à encore assimiler le Parti socialiste, pourtant devenu solférinien, à la gauche. Les ultimes renoncements du triumvirat d’airain Hollande / Valls / Macron font sentir leurs effets. A multiplier les renoncements politiques, les contresens idéologiques et les saillies à répétition contre le patrimoine de la gauche, une rupture qualitative décisive est en train de se produire.

 

Il ne s’agit pas de maladresses tactiques ou d’amateurisme. Il faut y voir une orientation stratégique pleinement assumée de solfériniens décomplexés. François Hollande n’a-t-il pas expliqué la défaite de Claude Bartolone aux dernières régionales d’Île-de-France par son alliance au second tour avec les listes Front de Gauche et des écologistes, estimant que l’espace de la victoire se trouvait en direction du centre et au-delà ? Les citoyens voient désormais leurs yeux se dessiller : les forces gouvernementales actuelles ne font plus une politique de gauche. Et surtout, elles ne représentent plus la gauche. Ni de gauche, ni à gauche, ni la gauche. Nous ne sommes plus en 2012 où le barrage à la réélection de Nicolas Sarkozy suffisait à masquer l’indétermination du projet politique.  Peut-être nous objectera-t-on de nuancer l’ampleur de la rupture au motif qu’Emmanuel Macron n’est qu’une caricature de la gauche. Mais au final François Hollande et Manuel Valls n’en sont-ils pas devenus, entraînant l’ensemble du Parti socialiste avec eux ? Faut-il attendre qu’ils entraînent avec eux dans le précipice l’ensemble de la gauche et de ses idéaux ?

 

Pour l’heure, les derniers gardiens du temple solférinien en déroute ne tiennent que par ceux qui veulent réanimer le cadavre de la gauche plurielle par d’improbables primaires, entre frondeurs réduits à la figuration de couteaux sans lame et adeptes des zigzags ayant vue sur les législatives qui suivront. Outre l’audace, les ingrédients nécessaires pour renverser la table à gauche sont connus : l’exigence républicaine et l’ambition de transformation sociale, toutes deux menacées par des régressions comme la déchéance de nationalité et le projet de loi travail El

Khomri. Les réactions populaires contre ces projets témoignent de l’heureuse persistance dans les mentalités collectives de la force propulsive de ces idéaux. Contre les renoncements et les reniements en cascade, exigence et ambition sont à mettre résolument à l’ordre du jour.

 

Pour la gauche fidèle à ses missions historiques, l’enjeu de la présidentielle sera de briser ces plafonds de verre. La tâche immédiate consiste à créer les conditions de gagner d’abord le premier tour. Pas de se perdre dans de stériles primaires, pas de se projeter dans un imprévisible second tour avec en ligne de mire un front républicain factice, pas de s’aventurer dans les méandres des législatives à la recherches de rentes à préserver. Une candidature du style de celle proposée par Jean-Luc Mélenchon, dès lors qu’elle se montre en capacité d’opérer le grand basculement à gauche comme l’indique ce sondage, est de nature à ranimer les consciences, à rallier les abstentionnistes ou les désorientés. Une clameur jaillira alors pour dire que cela devient possible. Car la force va à la force. Ne l’oublions pas, ne nous trompons pas. Et ne ratons pas l’occasion qui s’offre à nous de briser ces plafonds de verre.

Francis DASPE

02 / 04 / 2016

 

 

Réunion publique, Jeudi 23 juin 2016, 19 heures

THUIR, Maison des Jeunes et de la Culture

Devant l’ampleur des crises écologique, économique, sociale et démocratique, les réponses traditionnelles restent inefficaces. Il existe cependant un projet novateur d’alternative globale : planification écologique, économie fondée sur la satisfaction des besoins sociaux, réel partage des richesses, marche vers une 6° République. C’est l’écosocialisme.

L’AGAUREPS-Prométhée organise une réunion publique mardi 21 juin 2016 pour populariser les axes programmatiques du projet écosocialiste.

 

 « Pour un projet global de rupture et de transition : l’écosocialisme »

 

Avec la présence de Francis DASPE, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée

Animation par Alain MIH

 agaureps@orange.fr Tél : 06 07 34 33 81 https://agaurepspromethee.wordpress.com/

 

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L’écosocialisme, une alternative globale

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Devant l’ampleur des crises écologique, économique, sociale et démocratique, les réponses traditionnelles restent inefficaces. Il existe cependant un projet novateur d’alternative globale : planification écologique, économie fondée sur la satisfaction des besoins sociaux, réel partage des richesses, marche vers une 6° République. C’est l’écosocialisme.

 

L’AGAUREPS-Prométhée organise une réunion publique à Thuir mardi 21 juin 2016 pour populariser le projet écosocialiste.

 

Conférence/débat animée par Francis DASPE, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, jeudi 23 juin 2016 à Thuir, à 19 heures, Maison des Jeunes et de la Culture, sur le thème « Pour un projet global de rupture et de transition : l’écosocialisme. Entrée libre.

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