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Une rentrée politique du PG 66 orientée vers la présidentielle de 2022

Ce mardi 24 août, le Parti de Gauche 66 (PG 66) effectuait sa traditionnelle rentrée politique à Thuir. Au menu, une réunion publique pensée sur le mode formation militante pour évoquer le thème « L’Union populaire, stratégie pour la Révolution citoyenne ». La thématique s’inscrit dans la perspective de la séquence politique s’ouvrant avec les élections nationales de 2022, la présidentielle suivie des législatives. Les débats ont été nourris par les interventions de René Revol et de Francis Daspe.

René Revol, maire de Grabels et vice-président Montpellier Métropole, s’attachait à décrypter le concept de révolution citoyenne. « L’idée de révolution citoyenne part de l’idée simple que reconduire à l’identique l’existant n’est plus possible. La situation exige par conséquent des bouleversements majeurs et des ruptures significatives », expliquait-il en préambule. Il estimait que la situation s’inscrit à la fois dans le sens de l’Histoire et correspond à la situation de crises multiformes que nous connaissons. Et de citer quelques uns des éléments de crise : la rupture du consentement démocratique qui exige la mise en place d’une 6° République, des inégalités sociales considérables dans la répartition des richesses nécessitant un autre partage conforme à l’intérêt général, les menaces de destruction de l’écosystème humain avec les ravages occasionnés par le capitalisme nécessitant une planification et une bifurcation écologiques ouvrant la voie à la règle verte (ne pas prendre sur la nature plus qu’elle ne peut régénérer).

 « Nous devons faire face à une nouvelle étape dans le processus d’émancipation, qui a concordé à chaque fois avec des révolutions : l’émancipation de l’individu avec la révolution française de 1789 / 1794, l’émancipation collective sociale avec les combats du mouvement ouvrier des 19° et 20° siècles ». René Revol considère que la tâche du moment consiste à préserver les conditions même d’existence de la planète. « La révolution citoyenne est le mouvement de l’humanité visant à améliorer son sort : l’enjeu est de permettre au peuple de se refonder politiquement autour de la notion de biens communs, indispensables pour une vie digne, et que le capitalisme veut marchandiser ».

Pour sa part, Francis Daspe, auteur de deux ouvrages sur le sujet (« La Révolution citoyenne au cœur », « 2022. Pour renverser la Table à la présidentielle », tous deux parus aux éditions du Borrego en 2017 et 2020), commençait par rappeler les fondements de la stratégie populiste aux origines du lancement de La France Insoumise en 2016. « Elle réside dans le choix de chercher à fédérer le peuple sur des causes d’intérêt général de préférence aux tentatives de rassembler la gauche sur le mode cartel et au final sur le plus petit dénominateur commun. Dans cette configuration, l’opposition majeure oppose les oligarchies au peuple, ce qui permet de revigorer la réalité d’une lutte des classes pour laquelle le vieux clivage gauche / droite n’est plus opératoire car une partie de la gauche a changé de camp ».

Il poursuivait en listant un certain nombre d’atouts dont bénéficient La France Insoumise et la candidature de Jean-Luc Mélenchon : une indiscutable résonance au sein de la population, la possession d’un socle électoral non négligeable comme le montrent les sondages, la capacité à engendrer des dynamiques populaires, un programme solide et chiffré intitulé « L’Avenir en commun », une cohérence dans la stratégie et l’action unanimement reconnue etc. « Tout cela permet d’envisager une perspective majoritaire, la seule en capacité à créer dans le camp du progrès humain une espérance de changer les choses radicalement. Parce que la crise démocratique surplombe toutes les autres, comme c’est le cas dans toutes les périodes révolutionnaires, je mets en avant le concept de démocratie plébéienne afin de réactiver l’implication populaire et de susciter de nouvelles utopies mobilisatrices », indiquait Francis Daspe.

Tous les deux ne sous-estimaient pas les défis et les obstacles qui se dresseront sur la route, comme autant de plafonds de verre qu’il faudra briser. « Notre tâche prioritaire est de lutter contre la désaffiliation touchant une partie croissante de la population qui ne se sent plus concernée par le jeu électoral », analysait René Revol lors des échanges avec la salle. Francis Daspe abondait dans ce sens, par un examen du panorama politique actuel. « Aujourd’hui, toutes les forces politiques doivent faire face à des incertitudes et des problèmes non résolus. Elles ne disposent en fait que de trous de souris ». Militer consistera à élargir ces trous de souris…

La séquence politique de 2022 s’annonce décidément à la fois indécise et passionnante.

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A Bordeaux, la stratégie pour la révolution citoyenne au menu des « Assises itinérantes de la Table renversée »

Le Parti de Gauche Bordeaux-Médoc et l’AGAUREPS-Prométhée organisent en partenariat une conférence / débat à Bordeaux lundi 24 juin 2019 à l’Athénée municipal (Place Saint-Christoly), à 19 heures. Elle s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale de réflexion et d’action lancée par l’AGAUREPS-Prométhée, les « Assisses itinérantes de la Table renversée ».

Francis DASPE, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, interviendra sur le thème « Stratégie pour la révolution citoyenne ».

Les incertitudes de la situation sociale et politique montrent qu’il y a véritablement urgence à « renverser la table ». Le mouvement des Gilets Jaunes et les résultats des élections européennes témoignent de l’aspiration au plus profond du peuple à proposer des ruptures radicales porteuses d’une véritable alternative. Quel projet politique humaniste et émancipateur est aujourd’hui en capacité d’incarner cette alternative ? Avec quelles orientations stratégiques ? Pour quelles perspectives politiques ?

Francis DASPE est également auteur du livre intitulé « La Révolution citoyenne au cœur » (Eric Jamet éditeur, octobre 2017).

Entrée libre.

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Réunion sur l’éducation de l’AGAUREPS-Prométhée à Mont-de-Marsan

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Chers camarades,

L’AGAUREPS-Prométhée vous convie

Le vendredi 21 octobre 2016 à MONT-DE-MARSAN

Salle du Petit Bonheur,

Rue de la Ferme de fatigue

à partir de 19 heures

 

à une conférence / débat

« Après deux quinquennats de casse, quelle école pour la 6° République ? »

 

Francis DASPE, président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche et secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, présentera son nouveau livre, « Manifeste pour l’école de la 6° République » (éditions du Croquant, avril 2016)

 

Animation Céline PIOT

 

Amitiés républicaines et sociales

Pour l’AGAUREPS-Prométhée,  le Secrétaire général  Francis Daspe

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Sous le salaire des enseignants, le démantèlement du système éducatif 

Tribune parue sur le site de Marianne le 26 janvier 2016

Francis Daspe et Paul Vannier
*Francis Daspe est président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche.
*Paul Vannier est secrétaire exécutif national à l’Education du Parti de Gauche

La question salariale est à l’origine de l’appel à la grève intersyndicale dans la fonction publique du 26 janvier 2016. Il n’est pas courant qu’elle soit aussi résolument assumée par le monde enseignant. Souvent l’emporte d’abord la préoccupation des élèves et une forme de lassitude, face aux accusations répétées de « corporatisme » dès qu’il s’agit de la défense du salaire. Les enseignants renoncent ainsi fréquemment à défendre leur salaire. Pourtant, de cette défense dépend celle du service public républicain d’éducation. Les revendications salariales des enseignants sont ainsi d’intérêt général. 

Le salaire des professeurs s’est considérablement réduit. Un enseignant certifié en début de carrière gagne aujourd’hui 1,2 fois le SMIC. C’était deux fois le SMIC il y a trente ans. Depuis 2010, le gel du point d’indice a conduit en moyenne à la perte de l’équivalent d’un salaire mensuel chaque année. Entre 2000 et 2013 la France détient le record à la baisse de l’évolution du salaire réel des pays de l’OCDE : – 11% ! Dans le même temps, ils augmentaient de 14% en moyenne dans les pays membres de cette organisation. Il est vrai que le salaire net lui même est en baisse sous l’effet de l’augmentation du prélèvement pour pension civile. Loin des discours de François Hollande à propos de la priorité donnée à l’école, l’austérité salariale frappe de plein fouet l’ensemble de la fonction publique. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, la politique de l’actuel Président de la République poursuit celle de son prédécesseur.

Après le leurre du « travailler plus pour gagner plus » des années Sarkozy qui s’était accompagné d’un recours plus important aux heures supplémentaires, le gouvernement PS s’est engagé dans l’introduction de primes au mérite : les « indemnité pour mission particulières ». Attribuées par le conseil d’administration des établissements, et donc en dernière instance par le chef d’établissement, leur montant varie d’un collège et d’un lycée à l’autre. Une part de la rémunération des enseignants est donc désormais fixée localement et individuellement. Il s’agit d’une véritable rupture idéologique dont l’objectif est de convaincre les enseignants eux-mêmes que la reconquête de leur pouvoir d’achat passe par d’autres canaux que l’action collective. Au nom de l’adaptation aux nouvelles réalités du métier promue par les libéraux, il leur est suggéré d’accepter de nouvelles « missions » pour améliorer leur pouvoir d’achat en espérant des indemnités souvent dérisoires, austérité oblige.

Heures supplémentaires, missions hors statut, primes au mérite, autant de fausses solutions qui concourent insidieusement au démantèlement de l’ensemble du système éducatif. Elles accompagnent en effet la réduction des postes, la territorialisation du système éducatif, le renforcement de la logique managériale et les atteintes à la liberté pédagogiques, la mise en concurrence des personnels. Aborder la question salariale c’est donc mettre à jour l’ensemble des mécanismes de sape des fondements l’Ecole de la République.

Pour le Parti de Gauche, la question salariale constitue donc un enjeu de tout premier plan. Elle dépasse les enjeux de pouvoir d’achat et de reconnaissance du travail fourni. Elle transcende même la délicate question de l’attractivité du métier à un moment où la promesse du recrutement des 60 000 postes ne sera pas tenue. Pour le Parti de Gauche, la revalorisation financière du métier doit passer par la revalorisation du point d’indice, c’est à dire une hausse égalitaire des salaires pour tous les personnels de l’éducation nationale. Voilà pourquoi nous manifesterons mardi 26 janvier au côté des organisations syndicales revendiquant la hausse des salaires de la fonction publique. Car c’est défendre l’Ecole de la République. 

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Formation professionnelle : dévoiler les impostures du Front National

Mediapart

Francis DASPE est responsable départemental du Parti de Gauche dans les Pyrénées-Orientales et président de la Commission nationale éducation du Parti de Gauche. Il est candidat sur la liste « Nouveau Monde en commun » menée dans la région Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées par Gérard ONESTA. Il est également Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée. 

 

Chacun sait à quel point le Front National se paie de mots pour enfumer le citoyen. Il en va ainsi de la profession de foi du candidat FN Louis Aliot en Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées.  Une des propositions ainsi faite s’attache à « rendre plus efficaces la formation professionnelle et l’apprentissage au bénéfice de la jeunesse ». Cette formulation est on ne peut plus vague. Difficile de savoir ce qu’elle signifie réellement et concrètement. Dans un premier temps…

Mais une autre proposition un peu plus loin vient en préciser les contours. Il y est indiqué que le programme du Front National vise à « adapter la formation professionnelle et l’apprentissage aux besoins des entreprises ». En somme, Louis Aliot pense que « l’efficacité » de la formation professionnelle et de l’apprentissage et le « bénéfice » que peut en retirer la jeunesse équivaut à la satisfaction « des besoins des entreprises ». Nous sommes dans le monde merveilleux de oui-oui, qui est aussi celui des libéraux endurcis feignant de croire que la somme des intérêts particuliers correspond à l’intérêt général. Le Front National et Louis Aliot sont bel et bien des libéraux, réalité qu’une rhétorique de façade ne permet pas de masquer pour qui veut écailler un tant soit peu le vernis.

Car en quoi peuvent bien consister les besoins des entreprises en terme de formation professionnelle et d’apprentissage ?

Pour la formation professionnelle, les entreprises se satisfont de deux dérives qui sont autant d’obstacles à l’objectif d’émancipation que nous recherchons ardemment. C’est d’abord livrer la formation professionnelle à la marchandisation la plus débridée (voir à ce sujet une enquête de Mediapart en date du 7 février 2014). Nous entendons au contraire la sortir des griffes des marchands à courte vue. C’est ensuite valider le dogme de « l’adéquationnisme » qui entend faire coïncider de manière restrictive l’offre de formation aux besoins immédiats du bassin d’emploi. Cette vision rabougrie, minimaliste et utilitariste favorise les enfermements territoriaux et les assignations à résidence sociales. Nous entendons au contraire valoriser la dimension émancipatrice d’une politique de formation professionnelle digne de ce nom en redonnant à chacune et à chacun les clés de son émancipation.

Pour l’apprentissage, beaucoup d’entreprises sont avant tout en recherche de main d’œuvre peu coûteuse, dans la logique de l’effet d’aubaine et d’une réduction dogmatique du prétendu coût du travail. Il existe une continuité entre la droite au pouvoir sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et le parti socialiste depuis l’élection de François Hollande : les deux ont accordé une priorité inconsidérée à l’apprentissage. Le Front National et Louis Aliot ne sont guère différents en fin de compte : ils s’inscrivent dans une logique identique. Cette logique accompagne la politique d’austérité qui réduit sans cesse les moyens attribués à l’enseignement professionnel public. Si l’apprentissage peut constituer une solution dans certains cas, nous entendons cependant prioriser l’enseignement professionnel public. Qui sait que le nombre de fermetures de lycées professionnels s’est élevé depuis 2002 à 184, dont 36 lycées fermés depuis 2012 ? Le développement de l’apprentissage dans des CFA (centres de formation d’apprentis) privés y a largement contribué.

L’examen approfondi de la question de la formation professionnelle permet de mettre en exergue le caractère mensonger du programme du Front National. Il en dévoile sa nature profondément antisociale. Nul doute que le Medef n’y trouvera rien à redire. Car le Front National contribue au final à protéger les intérêts des puissants et à museler les salariés les plus modestes. Pas compliqué de trouver de quel côté du manche il se trouve !

L’ensemble du programme voit de la sorte sa crédibilité réduite à néant. Car comment croire après cela à la sincérité d’une autre proposition visant à « exiger le remboursement des aides publiques aux entreprises en cas de délocalisations, de licenciements ou d’embauches de travailleurs détachés » ? Le Front National et Louis Aliot peuvent-ils raisonnablement ignorer que les entreprises définissent bien souvent leurs besoins en fonction de leurs intérêts, loi du marché oblige ? Une telle mesure est de nature à entretenir toutes les confusions sur lesquelles le Front National surfe sans vergogne.

Pour conclure, je reprendrais les quelques lignes d’introduction de la tribune de mon ami Alexis Corbière parue dans L’Humanité du mercredi 25 novembre 2015 : « En notre époque de grande confusion, le mensonge est une des armes de nos adversaires. Bien aiguisé, il peut percer des armures idéologiques épaisses et des consciences sociales aguerries ». Le travail de déconstruction de l’imposture du Front National doit se poursuivre inlassablement, point par point, la formation professionnelle et l’apprentissage en étant un des leviers parmi d’autres.

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La visée contre-révolutionnaire de la construction européenne

Tribune de Francis DASPE publiée sur le site de Marianne le 23 mai 2014.

* Francis Daspe est président de la Commission nationale Education du Parti de gauche et secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée). 

 

Les révolutions sont des phénomènes éruptifs pour lesquels il est aisé de discerner un déclenchement. On ne peut par contre pas en dire autant des contre-révolutions : il s’agit bien souvent de processus à la fois plus insidieux et éminemment complexes. Les actes de ruptures y sont plus difficiles à identifier.

La mise en perspective de la situation actuelle caractérisant les orientations de l’Union européenne et des racines de la Révolution française est à cet égard édifiante. Deux revendications furent aux origines des événements de 1789 : le libre consentement à l’impôt, la libre disposition des fruits de celui-ci. Ces fondements de la démocratie sont aujourd’hui fortement remis en cause par l’Union européenne.

En quoi consiste le libre consentement à l’impôt ? Il s’agit déterminer en toute souveraineté qui paye l’impôt, quel impôt est payé, à quel taux il est payé. En quoi consiste la libre disposition de l’impôt ? C’est de délibérer à quoi serviront les recettes fiscales, en somme d’édifier un budget en fonction des priorités politiques retenues.

Ces droits élémentaires sont méthodiquement remis en cause par l’Union européenne. La Commission de Bruxelles possède désormais un droit de regard sur les budgets des Etats membres ainsi que sur le débat parlementaire qui précède le vote. Ses recommandations s’inscrivent dans une finalité claire : réduire les dépenses publiques conformément au dogme de l’austérité. Il y a donc mise sous tutelle par une instance supranationale non élue de la souveraineté budgétaire des Etats. En outre, certaines dépenses sont impitoyablement et systématiquement traquées : les dépenses sociales, les dépenses d’investissement, les dépenses en faveur des services publics. Des impôts n’ont pas bonne presse : ceux qui sont progressifs, ceux qui ont une fonction redistributive, ceux qui visent un meilleur partage des richesses et une plus grande solidarité, ceux qui touchent les revenus du capital. A l’opposé d’autres sont outrageusement recherchés : les impôts proportionnels (on n’ose pas encore les forfaitaires), les impôts indirects, les impôts sur la consommation, la TVA étant l’exemple parfait. On assiste de ce fait à un gigantesque transfert de richesses en faveur des plus nantis et au détriment des plus modestes, à l’image du système fiscal d’Ancien Régime.

Les autorités européennes intiment l’ordre aux gouvernements nationaux de ne plus décider du type d’impôt, des personnes assujetties et du taux. Cette tutelle est aggravée par la constitutionnalisation ad vitam aeternam d’une politique économique reposant sur la concurrence libre et non faussée et l’austérité. A ces deux piliers s’ajoute le dogme monétariste de l’euro fort, indépendant, à défaut de l’être des marchés, du pouvoir politique. La monnaie, fonction régalienne par essence, a été exfiltrée du champ d’intervention de la souveraineté populaire. Quel que puisse être à l’avenir le sens des votes des citoyens, aucune inflexion des politiques économiques n’est  possible : c’est le TINA (il n’y a pas d’alternative) thatchérien qui l’emporte.

Le processus à l’œuvre à l’échelon européen est bien de nature contre-révolutionnaire. Tout ce qui a été conquis est programmé pour se volatiliser. Les propos tenus par Pierre Mendès-France devant l’Assemblée nationale à l’occasion du débat du 18 janvier 1957  relatif à la ratification du traité de Rome prennent une résonance particulière :

« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

Ils situent clairement un des enjeux des élections européennes du 25 mai prochain : mettre fin au déficit démocratique par la reconquête de la souveraineté populaire et la nécessité d’une nouvelle révolution citoyenne.

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« Dépoussiérer » le statut des enseignants : l’immuable équation libérale

Tribune de Francis DASPE parue sur le site de Rue89. Elle traite de la question des statuts des enseignants.

Francis DASPE est président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche. Il est secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée et co-auteur du livre intitulé « L’école du peuple. Pour l’égalité et l’émancipation » paru aux éditions Bruno Leprince en août 2012.

 

La réforme des rythmes scolaires a dans un même élan accru significativement la fatigue des élèves et notablement désorienté les enseignants. Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon passe désormais à un stade supplémentaire dans la déstabilisation des personnels. Il vient de faire part de son intention de réformer le métier d’enseignant. Le chantier est malheureusement engagé sur de très mauvais rails : les statuts des personnels sont dans la ligne de mire gouvernementale.

Les statuts des enseignants, régis par les décrets de 1950, constituent une indispensable protection pour les personnels. Le code du travail ne s’applique pas à la fonction publique : ce qui tient lieu d’équivalent du droit du travail, ce sont les statuts. Eux seuls garantissent un exercice serein de la mission de service public des enseignants. Ils mettent à distance les intérêts locaux particuliers, les pressions consuméristes et les dérives managériales.

Ce projet décline les renoncements et les contresens de la loi Peillon d’orientation et de programmation du 8 juillet 2013. La réforme de l’évaluation des enseignants conduira à une accentuation de la dérive managériale ; la redéfinition des missions, sous couvert d’en prendre en compte la diversité, aboutira  en bout de chaîne à un appesantissement des tâches demandées aux enseignants ; le développement de la bivalence  s’accommodera fort bien de la pente menant à une vision minimaliste et utilitariste des savoirs que le socle commun de compétences consacre ; la fuite en avant vers plus d’autonomie prolongera la territorialisation de l’éducation. Dans ces orientations lancées comme des ballons d’essai, on peut y déceler la griffe des syndicats dits « constructifs » sur lesquels Vincent Peillon avait indiqué vouloir s’appuyer lors de son entrée en fonction. Ces syndicats ont en effet fait de la cogestion et de l’accompagnement leur boussole ; cette démarche se situe aux antipodes de la stratégie des syndicats de combat.

Il est vrai que les pistes ministérielles ainsi dessinées s’inscrivent pleinement dans un projet de société bien identifié. Nous le récusons. Car pour l’occasion il ne s’agit que de l’excroissance dans le champ de l’éducation de l’accord national interprofessionnel (ANI) signé en janvier 2013 avec des syndicats minoritaires. Une semblable logique de régression sociale est à l’œuvre. Toucher aux statuts, c’est ébranler l’édifice scolaire et aliéner une part de l’intérêt général. L’enjeu est de taille : faire échec à cette vieille équation des libéraux et autres solfériniens traçant un signe d’équivalence entre le soi-disant dépoussiérage des statuts et le démantèlement de l’Ecole de la République.

Les statuts représentent de véritables boucliers de l’intérêt général. Le ministre doit éviter tout excès de confiance comme ce fut le cas à propos de la question des rythmes scolaires. Sans quoi un même échec l’attend que son devancier de droite, Gilles de Robien, quand celui-ci avait voulu en février 2007 abroger les décrets de 1950. La vigoureuse réaction unitaire qui s’était engagée avait conduit au rétablissement contraint et forcé des statuts.

C’est au motif de la prise en compte de l’ensemble des missions des enseignants que le ministre ouvre ce chantier. Voilà un fort mauvais prétexte, tout comme la prétendue date de péremption des statuts. Il est injurieux de feindre de s’apercevoir que les enseignants ont depuis longtemps pris en charge le travail en équipe, le lien avec les familles, le suivi des élèves, le renouvellement des pratiques pédagogiques etc. S’il s’agissait véritablement de faire en sorte que les professeurs soient « confortés et reconnus » comme avancé en guise de justification, d’autres chemins seraient empruntés. La meilleure revalorisation possible du métier d’enseignant passe par davantage de sérénité (là aussi le refus de revenir sur les sanctions qui ont frappé les « désobéisseurs » de l’ère Sarkozy est à mettre en perspective avec l’oubli de voter l’amnistie sociale) et des ambitions pédagogiques revues à la hausse. Et une préoccupation sincère des fins de carrière de plus en plus difficiles de nombre d’enseignants exigerait la reconnaissance de la dureté de l’exercice au quotidien du métier : comme pour tous les salariés, un âge de départ à la retraite décent serait le plus grand des soulagements.

C’est que derrière le débat sur les statuts apparaît en creux une véritable alternative en terme de projet de société dont l’Ecole de la République n’est nullement exemptée.

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Des allègements de programmes contraires au principe de laïcité

Francis Daspe | Président de la Commission nationale éducation du Parti de Gauche

 

Une charte de la laïcité est en cours de large diffusion dans les établissements scolaires selon la volonté du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon.

Des allègements dans les programmes d’Histoire, de Géographie et d’Education civique viennent d’être décidés, notamment pour les classes de Première et Terminale professionnelles.

Quel rapport établir entre ces deux faits ? Celui tout simple que la laïcité ne se limite pas au domaine de la religion ; elle doit également s’appliquer au champ de la neutralité des contenus transmis à l’Ecole de la République, donc aux programmes d’enseignement.

« 1936 : les occupations d’usines » ? Supprimé !

Impossible de croire que certains des allègements envisagés puissent être fortuits ou anodins. Quelques exemples choisis se révèlent à cet égard particulièrement éclairants.

Ainsi la question « 1936 : les occupations d’usines » est supprimée. Une relation ne pourrait-elle pas être faite avec quelques-unes des récentes orientations gouvernementales ? L’acceptation des politiques d’austérité, la signature de l’accord national interprofessionnel (ANI) et le refus de l’amnistie sociale pour les syndicalistes criminalisés sous l’ère Sarkozy s’inscrivent sans aucun doute en cohérence avec ce que l’on ne voudrait plus apprendre aux élèves de l’enseignement professionnel qui sont destinés à constituer la nouvelle classe ouvrière…

« Les impôts » ? A la trappe

Egalement significative est la suppression de la question en

Education

civique « Les impôts ». Là aussi, un faisceau convergeant d’intentions et de mesures ne peut qu’attirer de manière irrésistible l’attention. Impossible en effet d’occulter l’actuelle stratégie de stigmatisation du coût du travail en raison de prétendues « charges sociales insupportables » (nous, on préfère dire cotisations au nom de l’intérêt général et de la solidarité…) ou l’instrumentalisation par le ministre Moscovici d’un supposé « ras-le-bol fiscal ».

 

Tout cela ne vise en définitive qu’à exonérer davantage encore les auto-proclamés « pigeons ». Et effectivement, c’est ce que le ministre vient faire illico presto à l’université d’été du Medef en affirmant que les augmentations de cotisations sociales patronales pour le financement des retraites seront intégralement compensées par des diminutions des cotisations

« L’échec américain au Viet-Nam » ? Oublié

Que penser encore de la suppression de « L’échec américain au Viet-Nam » au moment même où le Président de la République s’agite pour jouer les supplétifs zélés de l’empire américain en Syrie ? Craindrait-on que des élèves avisés établissent un parallèle entre le bourbier vietnamien et les enlisements actuels d’Irak et d’Afghanistan ou plausibles en Syrie ? Si tel était le cas, s’y prendrait-on autrement ?

Ces modifications de programmes dessinent en creux une vision de la société et du monde partisane. Et donc contestable, aux antipodes des valeurs de la laïcité. Elles contribuent à formater des élèves en fonction d’un « prêt-à-penser » idéologique s’éloignant des valeurs universalistes et humanistes portées par l’idéal républicain.

Il ne s’agit pas non plus de verser dans la théorie du complot qui prouverait l’existence d’un plan concerté. Il est plus conforme à la réalité de parler plutôt de coïncidences témoignant davantage d’un contexte idéologique propice à ces occultations aux atours d’actes manqués.

En tout état de cause, il s’agit bien d’un regrettable et scandaleux accroc au principe de laïcité. C’est bien la preuve qu’une charte toute théorique n’est qu’un gadget dès lors qu’elle est confrontée aux contradictions de la pratique.

La défense de la laïcité est un enjeu tellement important qu’elle ne saurait souffrir d’aucune approximation. Sans quoi, on ouvre un boulevard à ceux et celles qui, perclus de haine de l’autre dont la différence est considérée arbitrairement comme non réductible à soi, ont fait de l’instrumentalisation de la laïcité autant une véritable profession de foi antirépublicaine qu’un argument bassement électoraliste. Enfin, n’oublions pas que trois départements en France métropolitaine vivent toujours sous le régime concordataire. Pour nos concitoyens mosellans et alsaciens, la séparation de l’Etat et des Eglises ou la laïcité ne restent que des réalités pour le moins exotiques.

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Instruire, Qualifier, Emanciper

Tribune parue dans Sud-Ouest le 9 avril 2013

 

Francis DASPE, président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche.

Le décret du 24 janvier 2013 sur les rythmes scolaires ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de la contestation. Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République suscite lui aussi de fortes inquiétudes. Certes moins médiatisées, elles n’en sont pas moins profondément structurelles.

La faiblesse du projet ministériel réside dans le flou des missions dévolues à l’institution scolaire et dans l’insuffisance du projet de société. Toute velléité de refondation de l’Ecole de la République passe pourtant par l’articulation entre les deux.

Les missions que nous assignons à l’Ecole sont résumées par le triptyque « Instruire, Qualifier, Emanciper ». Elles s’inscrivent dans le prolongement de l’ambition affichées par le rapport Langevin-Wallon de former d’un même élan « l’homme, le travailleur et le citoyen ».

 

Hélas, les soubassements idéologiques du projet de loi s’inscrivent trop souvent dans la continuité des deux précédents quinquennats. Ils contreviennent à la pleine réalisation de chacune des trois composantes du triptyque. Comment parler d’instruire dès lors que le socle commun est confirmé comme colonne vertébrale du dispositif ? Cette conception minimaliste et utilitariste des savoirs, consacrant une école à plusieurs vitesses, s’y oppose frontalement.

Comment afficher l’ambition de qualifier tout en ne jurant que par l’égalité des chances ? Ce concept libéral ignore la persistance des inégalités sociales inhérentes à une société de classes. En institutionnalisant à tous les étages la compétition et la concurrence sauvages, il signifie le renoncement à l’ambition collective devant animer une école de la République soucieuse d’élever le niveau général de qualification.

Comment prétendre à émanciper tout en cherchant à appliquer de manière compulsive la déclinaison de l’acte III de la décentralisation ? Cette dernière met à bas les cadres nationaux garants d’une égalité territoriale même imparfaite. L’« adéquationnisme » entre offre de formation et marché de l’emploi dans un bassin qui en est le corollaire conduit à un enfermement territorial, obstacle majeur à toute émancipation.

 

Ces impasses idéologiques s’expliquent par l’indétermination et la carence du projet de société, insuffisamment orienté vers une réelle alternative sociale, beaucoup trop d’accompagnement à l’ordre économique établi. L’école de la République ne se situe pas en dehors des enjeux politiques immédiats : elle ne peut être réduite à une simple question technique. Elle passe au final sous les fourches caudines d’un double renoncement que l’actualité récente a remis sur le devant de la scène. L’acceptation du cadre contraint de l’austérité conduit inexorablement à la dissolution des ambitions d’une école même élevée au rang de priorité. Le refus de  reconnaître l’existence de conflits de classes dans une société inégalitaire constitue une capitulation aux multiples répercussions dans le champ éducatif. C’est ainsi que des mesures qui avaient fait l’unanimité contre elles, réforme du lycée, bac professionnel en trois ans, loi Carle, ont été sanctuarisées au mépris des promesses.

 

Un sursaut s’impose d’urgence. La refondation de l’école de la République a besoin à la fois d’un autre logiciel et d’un autre projet de société. Les deux doivent promouvoir une ambition de transformation sociale radicale. C’est à ces seules conditions que les missions d’instruction, de qualification et d’émancipation relèveront enfin du domaine du possible.

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