Tous les chemins de la lutte mènent à Gramsci

Cette nouvelle année 2024 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Le climat politique est en effet vraiment préoccupant. Des dégradations se font ressentir de manière récurrente et systémique, et ce depuis plusieurs années. Il en résulte un parfum d’ambiance qui sent très mauvais. Certains en viennent à conclure que l’hégémonie culturelle serait en passe d’être gagnée par le camp honni d’en face.

C’est pourtant un camp qui n’en menait pas large au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec entre autre l’adoption du programme du Conseil National de la Résistance. Un camp qui, il faut le répéter, sortait profondément discrédité du conflit. D’abord pour avoir crû aux potions libérales « déflationnistes », pour reprendre la terminologie de l’époque, et en conséquence en avoir très largement abusé pour faire face à la grave crise économique des années 1930 ; ensuite d’avoir trop souvent trempé dans la collaboration avec l’occupant nazi, conformément au mot d’ordre maintes fois répété par les possédants, « plutôt Monsieur Hitler que le Front Populaire ».

Depuis, le rapport s’est hélas notoirement modifié. Sous l’effet d’abord de l’offensive néolibérale enclenchée au tournant des années 1970 et 1980 par Margaret Thatcher et Ronald Reagan, favorisant l’irruption de ce que l’on ne nommait pas encore la mondialisation. Puis ces dernières années par le biais d’un raidissement autoritaire des partisans inconditionnels de la loi du marché, avec la promotion de l’austérité et la redécouverte de l’ordo-libéralisme. Ces ruptures, communément appelées contre-révolutions, qu’elles soient conservatrices ou néolibérales, ont en définitive ouvert la voie à l’acceptation des différentes composantes de la galaxie de l’extrême droite. Car une indiscutable filiation existe entre les deux mouvements, en vertu du théorème von Papen, du nom de l’ancien chancelier allemand qui favorisa la nomination à ce poste en janvier1933 d’Adolf Hitler.

Dans ses écrits passés à la postérité, Antonio Gramsci alertait sur la nécessité de conquérir l’hégémonie culturelle, en préalable à tout succès politique et électoral. Cela suppose un travail de fond méthodique. Ce fut une des raisons d’être que revendiqua l’AGAUREPS-Prométhée au moment de sa création, il y a plus de vingt ans, en 2002. Elle en fit une de ses boussoles. Elle s’y est tenue scrupuleusement. Cette première Lettre de la nouvelle année 2024 en offre une illustration constamment renouvelée. La question de l’hégémonie culturelle, à approfondir ou à reconquérir, est particulièrement sensible pour constituer une urgence.

Son contenu, composé de plusieurs tribunes embrassant différents domaines, montre que tous les chemins du combat politique mènent à la tâche assignée par Antonio Gramsci. Ou du moins qu’il oblige à y revenir régulièrement et inlassablement, avec une détermination sans faille.

Thierry DONGUAT

Tagué , , , , ,

Laisser un commentaire