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La mort de Robespierre ou l’élan de l’égalité brisé

Tribune parue sur le site de Marianne le lundi 28 juillet 2014.

Francis Daspe est secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée). Il est également co-auteur du livre intitulé « Hollande, la République pour cible », éditions Bruno Leprince, collection Politique à gauche, avril 2014.

 

 

Il y a 220 ans, les 27 et 28 juillet 1794, la Convention renversait Robespierre.  Le 10 Thermidor de l’An II, lui et ses amis étaient guillotinés. La signification de cet événement est considérable. Elle a été pourtant sujette à manipulations.

L’exécution des robespierristes marque d’abord la fin de la révolution. Certes des débats autant idéologiques qu’historiographiques existent quant au terme de la révolution française. Certains le fixent en 1799, au coup d’état de Brumaire qui marque la fin de la République et l’arrivée au pouvoir du consul Napoléon Bonaparte. D’autres retiennent 1815 et l’abdication définitive de l’empereur Napoléon I° qui permet le retour de la monarchie des frères de Louis XVI. Dans le sens d’une rupture dans la recherche de plus l’égalité, la mort de Robespierre marque bien la fin de l’idéal révolutionnaire.

 

Elle consacre en fin de compte le triomphe de la deuxième phrase de la l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Celle-ci est trop souvent oubliée, pour ne retenir que la première phrase, nécessaire et consensuelle (les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits). Si celle-ci proclame l’égalité civile (et donc la fin de la société d’ordres et de privilèges de l’Ancien Régime), la seconde se refuse à faire de l’égalité sociale l’horizon commun de la nouvelle société. En effet, les « distinctions sociales » y sont consacrées, même si elles sont contrebalancées par « l’utilité commune » En affirmant ainsi que « les distinctions sociales ne pourront être fondées que sur l’utilité commune », la voie vers une société de classes était ouverte, avec toutes ses injustices contre lesquelles le mouvement ouvrier et socialiste se bat depuis deux siècles. Car la notion d’utilité commune est ce qu’il y a de plus délicat à manier, se prêtant aisément à toutes les formes d’instrumentalisation. Dire que les nobles et les courtisans oisifs avaient une utilité commune toute relative est évident ; en profiter pour établir des hiérarchies parmi les futurs travailleurs beaucoup moins.

 

La réaction thermidorienne qui allait s’enclencher après l’exécution de Robespierre le montre nettement. Le rétablissement du suffrage censitaire en constitue un premier exemple. Le discours de Boissy d’Anglas pour le justifier est à cet égard édifiant. Trois extraits de son discours en témoignent. « L’égalité civile, voilà tout ce que l’homme raisonnable peut exiger. L’égalité absolue est une chimère ». « Nous devons être gouvernés par les meilleurs, les meilleurs sont les plus instruits et les plus intéressés au maintien des lois ». « Un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social, celui où les non-propriétaires gouvernent est dans l’état de nature ».

Les éléments de la réaction se sont également étendus au champ économique. La loi sur le maximum des denrées fut abolie dès la fin de l’année pour revenir à la liberté économique caractérisant une véritable société de classes. Ce fut d’ailleurs l’ultime insulte qu’entendit l’Incorruptible au pied de l’échafaud : « Foutre, le maximum ! ».

Il en est allé de même pour d’autres domaines, qu’ils soient physiques ou symboliques. Car c’est dans cette articulation que réside la sinistre alchimie des contre-révolutionnaires. Les velléités de République sociale que portaient les Montagnards furent en effet liquidées. Physiquement avec les derniers députés qui siégeaient sur la crête de la Convention (ils étaient nommés pour cela les Crétois). Ils avaient soutenu lors des ultimes insurrections des sans-culottes parisiens de germinal et de prairial (1° avril et 20 mai 1795) les revendications populaires résumées par le mot d’ordre « du pain et la constitution de 1793 ». Symboliquement ensuite : le mot révolutionnaire fut proscrit par le décret du 12 juin 1795, la destruction des bâtiments des Jacobins de la rue Saint-Honoré fut ordonnée par celui du 24 juin.

 

L’analyse de cet événement historique possède une actualité ; elle ouvre également des perspectives. Le combat pour l’égalité reste toujours une urgence au moment où tous les rapports notent l’accroissement des inégalités sociales et territoriales. Pour cela, les thermidoriens d’aujourd’hui, c’est-à-dire les réactionnaires et les oligarques de tout poil, sont à l’œuvre. Ils ont, pour parvenir à leur dessein, mobilisé la notion d’équité. Elle leur sert de caution commode. Ils l’utilisent pour masquer le caractère intrinsèquement sombre de leurs visées, en agitant le concept vague d’égalitarisme. Le triomphe de l’équité sonne en réalité comme le renoncement à l’égalité. En cas d’obstacle, les nouveaux réactionnaires n’hésitent pas à utiliser différentes formes de violence, sociale et symbolique principalement. Celles-ci s’inscrivent dans le prolongement de la terreur blanche des contrerévolutionnaires. L’héritage de Robespierre et de la République montagnarde nous incite plus que jamais à entretenir le flambeau de l’égalité.

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Vers la fiscalité progressive : l’emprunt forcé

Tribune de François COCQ et Francis DASPE parue sur le site de Mediapart. Il s’agit du troisième épisode des Chroniques de la République montagnarde disponibles dans la Lettre du mois de l’AGAUREPS-Prométhée. 

 

Le 8 mai 1793, devant le club des Jacobins, Robespierre faisait appel, non sans solennité, au peuple immense des sans-culottes. L’Incorruptible affirmait que celui-ci, « s’il ne peut quitter ses travaux, doit les faire payer par les riches ». En plein conflit entre Girondins et Montagnards, il s’en prenait aux « culottes dorées » dont la seule préoccupation était la préservation de leurs richesses, qu’elles proviennent d’un héritage ou soient d’acquisition récente. La capacité de persuasion de Robespierre et la pression populaire de la commune de Paris conduisaient douze jours plus tard la Convention, à majorité pourtant encore girondine, à voter sur proposition de Cambon[1] un emprunt forcé d’un milliard de livres sur les riches. Il pouvait servir à acheter des biens nationaux et représentait jusqu’à 50% des revenus pour les plus aisés[2].

Plus de deux siècles plus tard, c’est de manière iconoclaste un ministre issu du Parti socialiste qui fait le premier état d’un « ras-le-bol fiscal » et sonne ainsi l’hallali contre l’impôt. Auto-contraint par la doxa budgétaire européenne, le gouvernement de l’An II du hollandisme cherche à se donner de l’air en multipliant les taxes comme au temps de l’Ancien régime. Mais il entraine la remise en cause de l’impôt progressif et redistributif que la République montagnarde avait contribué à faire émerger.

Une mesure révolutionnaire

L’impôt forcé était de fait une mesure révolutionnaire. Il s’agit à ce stade d’instaurer un « impôt remboursable ». Comme nous l’explique Jaurès, « il était impôt, puisqu’il était forcé et qu’il ne portait pas d’intérêt. Il était emprunt, puisque la somme ainsi imposée devait être rendue, mais rendue en domaines nationaux ». En cela, cette mesure permettait « d’attacher des millions de citoyens au succès de la Révolution ; puisque le gage de l’emprunt aurait disparu avec la Révolution elle-même ».

Mais surtout, l’emprunt forcé est l’occasion d’introduire dans le système fiscal de la Révolution deux notions décisives : la déclaration et la progressivité. Ainsi, les décrets d’application stipulent que : « Les citoyens tenus de contribuer à l’emprunt forcé remettront au greffe de la municipalité de leur domicile, et à Paris, au Comité civil de leur section, une déclaration exacte de leurs revenus pendant l’année 1793 et des charges qui les diminuent ». Dès lors, un tarif fortement progressif était appliqué, avec 10 tranches de 1000 francs jusqu’à 9000 francs, dont le taux augmentait à chaque fois d’un dixième. Par ailleurs, « Au-delà de 9000 livres de revenus, à quelque somme qu’il s’élève, la taxe sera, outre les 4500 livres dues pour 9000 livres, la totalité de l’excédent ».

Un rapport de force politique

L’emprunt forcé met l’accent sur la nécessité de créer et soutenir un rapport de force pour imposer des mesures de rupture progressistes. D’un point de vue des rapports de force politiques internes à la Convention, il contribue au basculement idéologique qui entraînera la chute de la Gironde (31 mai / 2 juin 1793). C’était en effet indiquer clairement que la révolution, principalement dans sa dimension sociale, restait à accomplir. Le combat ainsi engagé demandait détermination et constance. Il se nourrissait des revendications du peuple et entendait traduire jusqu’au bout cette souveraineté nouvelle. La comparaison avec le discours du Bourget de François Hollande le 22 janvier 2012 s’impose alors d’elle-même. Convenons qu’en proclamant « L’ennemi c’est la finance », il s’agissait d’un discours volontariste qui a pu faire impression ou illusion. L’auditeur bien disposé (ou naïf) pensait alors qu’il s’agissait de créer un rapport de force qui devienne favorable au camp du travail ou, comme le disait Gramsci, un acte posé pour reconquérir l’hégémonie culturelle. C’était la seule voie praticable si l’on voulait véritablement « casser les reins » de la finance. Hélas, il n’en fut rien. Quelques jours après, devant la City de Londres, le candidat révélait, penaud, sa nature profonde en concédant : « I am not dangerous ». Confirmation dès son arrivée au pouvoir quand le nouveau Président de la République divorça d’avec le volontarisme affecté du candidat. Il céda devant Merkel. Il capitula devant les revendications du Medef et les injonctions des « pigeons » et autres « poussins ». Il accepta le cadre contraint de l’austérité.

Le renoncement solférinien en matière fiscale

Dès lors, la reconnaissance par Pierre Moscovici de l’existence d’un supposé « ras-le-bol fiscal » apparaît clairement comme une manœuvre machiavélique pour renvoyer aux calendes grecques la réalisation de la grande réforme fiscale attendue et nécessaire[3]. A l’inverse, la bête mord la main qui la nourrit. La liste des capitulations faites aux patrons, aux actionnaires et aux « pigeons » s’allonge depuis 18 mois : l’augmentation de la TVA, le rapport Gallois débouchant sur des cadeaux présentés au nom de l’impératif de compétitivité, les 20 milliards d’euros accordés sans contrepartie au patronat au titre du Crédit Impôt Compétitivité (CICE), la dénonciation récurrente d’un présumé coût du travail. Et pour couronner le tout, le refus obstiné d’une quelconque limitation des salaires et des revenus des grands patrons, préférant s’aligner sur le Medef en s’en remettant à un introuvable et insaisissable sens de la responsabilité des dirigeants des entreprises françaises. Pour autant, pas même reconnaissants, le même argument est toujours allégué par les possédants : « c’est confiscatoire ! », clament-ils au bord de l’évanouissement, stigmatisant « l’atroce guillotine du fisc ».

Au-delà de ces réflexions, c’est à une dissolution de la notion même de l’intérêt général à laquelle on assiste. Il existe de fortes incitations à trouver des solutions individuelles à des problèmes collectifs, sanctionnant à bon compte le renoncement à toute ambition collective. Ceux qui symbolisent le plus fortement ce délitement sont les exilés fiscaux. Ils cherchent par tous les moyens à se dérober à leur devoir de citoyen. Ils refusent, par égoïsme, d’apporter leur contribution au financement et à la construction d’un projet commun. Pourtant, il ne serait pas compliqué de les faire revenir un tant soit peu dans les rails de l’intérêt général. Il suffirait pour cela de faire preuve d’un minimum de volonté. Sans parler d’un quelconque attachement héroïque à l’idée de justice fiscale et sociale digne de « partageux », puisque mêmes les Etats-Unis y parviennent. Ils taxent en effet leurs exilés fiscaux de la différence qu’ils auraient pu ou crû se dispenser de payer s’ils en étaient restés au seul taux d’imposition du pays d’accueil. Cette mesure, même Nicolas Sarkozy l’agita lors de sa campagne de 2012. Quant à croire que l’ex-président des riches l’eût appliquée en cas de réélection, c’est une autre paire de manche. A voir comment Jean-François Copé tenta de railler Jean-Luc Mélenchon quand celui-ci en fit un axe fort de son programme, et ce à peine quelques semaines plus tôt, on peut sans crainte affirmer que se poser la question confinerait à de la naïveté. Plus largement, on estime que la fraude fiscale s’élève à 70 milliards annuels en France et 2000 milliards en Europe selon un rapport remis par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale en octobre 2013 !  

Taxe ou impôt ?

La progressivité induite dans l’emprunt forcé est d’autre part autrement plus révolutionnaire et juste que la prétendue réforme fiscale de l’An II du hollandisme. Il faut pour le mesurer se rappeler l’iniquité de la fiscalité d’Ancien régime. Le raccourci indiquant que plus on était riche moins on payait d’impôt est certes schématique, mais certainement pas foncièrement inexact. La fiscalité était à l’époque moins affaire d’impôts que de taxes. Ce n’est pas le principe redistributif qui présidait mais bien le fait royal pour mettre en œuvre les politiques décidées par un seul et le fléchage à dessein du produit de ces taxes pour entretenir le règne d’une oligarchie. 220 ans plus tard, la promesse d’une « grande réforme fiscale » par le candidat Hollande aurait dû s’inscrire dans le prolongement du basculement initié par la République montagnarde. Pourtant, auto-contraint par le semestre européen et la vassalisation volontaire auprès des autorités bruxelloises de la Commission européenne, le budget 2014 était marqué du sceau de l’ancien régime. Il est ainsi emblématique de constater que le gouvernement de l’An II du hollandisme fait le choix d’augmenter au 1er janvier 2014 la TVA, impôt inégalitaire s’il en est, taxe par définition. Là où l’impôt sur le revenu devrait jouer son rôle redistributeur, le gouvernement Ayrault privilégie des ponctions dont il flèche l’affection. En cela, il dessaisit le peuple souverain du choix de son utilisation. L’augmentation de la TVA servira ainsi à financer à hauteur de 6 milliards d’euros le Crédit impôt compétitivité (CICE), cadeau fait aux entreprises sans la moindre critérisation ni contreparties. Le dispositif se complète par des coups de rabot sur ce qui était rendu aux citoyens : baisse du plafond des allocations familiales, taxe sur l’accès aux mutuelles, suppression envisagée de l’aide aux familles pour les enfants scolarisés… L’objet n’est plus de promouvoir l’impôt pour l’affecter à ce qui collectivement est jugé digne d’intérêt général mais bien de soustraire du commun pour dégager des marges de manœuvre afin de financer les entreprises.

Enfin, la mention que nous avons faite dès la présentation de cette mesure n’est bien sûr ni fortuite ni anodine. En précisant qu’elle se chiffra pour les plus aisés à environ 50% de leurs biens, nous faisions ainsi apparaître en filigrane la taxe de 75% d’impôt au-delà du premier million que le candidat Hollande annonça lors d’une émission de télévision pour en faire une mesure phare de son programme. Ou plutôt de sa campagne de communication. Car il semble bien en effet que presque tout a été fait pour que cette mesure ne se concrétise jamais. Jusqu’à aller à des maladresses d’amateurs pour rendre inéluctable une censure par le Conseil constitutionnel ou à instaurer des « plafonds » pour en limiter les effets chez les plus riches (cette mesure sera ainsi plafonnée à 5% du chiffre d’affaire pour les clubs de football). A l’inverse, la mesure de l’An II de la République était autrement plus révolutionnaire puisqu’elle fixait un revenu maximum. Au-delà de 9000 livres, l’imposition était à 100 %, ce qui laissait un reste à vivre maximal de 4500 livres.

La progressivité de l’imposition que laissait augurer l’emprunt forcé de 1793 peine à être décliné en 2013. Pourtant, des propositions sont sur la table, comme celle qui, s’inspirant des mesures de l’An II de la République, augmenterait le nombre de tranches pour le porter à 14 (au lieu de 5), la dernière tranche étant imposée à 100% pour les revenus supérieurs à 360.000 €. Ce  revenu maximum serait égal à 20 fois le revenu le médian ce qui convenons-en laisse une certaine marge… Mais c’est aussi plus de justice qui doit être recherchée. Pas celle qui consiste à faire les poches des plus humbles et à détricoter la politique familiale en abaissant les quotients ou en s’attaquant aux allocations de scolarité. Mais bien en mettant à contribution le capital à hauteur du travail car aujourd’hui, le problème c’est le coût du capital, pas celui du travail.  

L’impôt au service de l’intérêt général

Il est emblématique que François Hollande ait buté sur la réforme des « bonnets rouges » dans les départements bretons à propos de la mise en œuvre d’une taxe qui ne cachait même pas son nom : l’écotaxe. Comme en 1789 où les péages et octrois étaient répercutés par les négociants sur les prix, il s’agit de ré-instituer un droit de passage sur les routes qui serait en bout de chaîne payé par les consommateurs. Non seulement cette taxe comme sous l’ancien régime varie selon les régions et porte atteinte au cadre national, mais elle fait la part belle aux sociétés autoroutières, dont les chaussées en sont dispensées, et qui peuvent de la sorte continuer à se gaver du produit de leurs concessions sur le dos du peuple. Il est jusqu’à la levée de la taxe qui échappe cette fois au fonctionnement régalien de l’Etat pour être confiée à une entreprise privée italienne, Ecomouv’, moyennant un juteux marché aux 3,2 milliards d’euros de bénéfices attendus. Autant d’argent qui quoi qu’il arrive ne répondra pas à l’intérêt général puisque les recettes ne serviront pas à transformer un modèle agricole  productiviste à bout de souffle. Elles s’inscriront au contraire dans l’absurde logique européenne du toujours plus de compétitivité pour produire tout et n’importe quoi pourvu que ce soit loin du lieu où ce sera consommé. 

Preuve est faite que ceux qui renoncent, une fois au pouvoir, sous quelque motif que ce soit, se transforment en complices des injustices et des inégalités qui gangrènent notre société. La Convention, en votant à l’initiative des députés de la Montagne l’emprunt forcé sur les riches, nous a montré la voie à suivre. Il ne peut y avoir, au nom de l’intérêt général et du progrès social, qu’une fiscalité résolument progressive, seul bouclier qui vaille pour une République sociale digne de ses missions.


[1]  Cambon est un député de l’Hérault spécialiste des questions financières.

[2]  Plus tard d’autres emprunts forcés furent décidés : à la fin de 1795 par le Directoire et en juin 1799 par Jourdan. Ils n’eurent pas un grand succès, notamment le second qui fut invalidé par le coup d’Etat du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte.

[3] Dont Jérôme Cahuzac, ministre du budget sur le départ, avait affirmé pince-sans-rire un soir de janvier 2013 qu’elle était…achevée.

 

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LETTRE DU MOIS DE L’AGAUREPS-PROMÉTHÉE N° 100 SEPTEMBRE 2013

Sommaire du numéro 100 

 

–          Editorial de François COCQ « Et de 100 qui font sens » page 2

–          « Chroniques de la République montagnarde » par François COCQ et Francis DASPE : « De l’An II de la République à l’An II du hollandisme » page 4

–          Florilège de Tribunes dans les médias page 7

–          Sommaire des Tribunes dans les médias page 12

 

 

Et de 100 qui font sens

C’est la 100ème ! Non que la commémoration quelle qu’elle soit se substitue à l’acte initial. Pas plus que la numération en base 10 de rigueur de par chez nous attribue quelques vertus ésotériques au nombre 100. Pour autant, cette 100ème Lettre du mois de l’AGAUREPS-Prométhée, c’est, avouons-le, un petit peu de fierté.

Fierté du chemin parcouru depuis 2002, fierté des contenus exigeants que nous avons su y apporter mensuellement, fierté de l’élargissement de la sphère des auteurs et des lecteurs, fierté du rayonnement de la pensée socialiste révolutionnaire auquel nous contribuons. La sélection de tribunes publiées au cours de ces années par l’AGAUREPS-Prométhée et que nous vous proposons de retrouver dans ce numéro en atteste[1].

 

Mais cette 100ème Lettre du mois doit avant tout être vue comme un point d’étape et une occasion. Le point d’étape, c’est celui qui répond à l’analyse de la période, aux enjeux et aux tâches qui nous incombent. François Hollande est au pouvoir depuis près d’un an et demi et les mois qui viennent vont le voir décliner deux axes structurants de sa politique.

Sur les retraites tout d’abord, où le Président avance à marche forcée afin de pouvoir, dès octobre si possible, faire avaliser une nouvelle contre-réforme destinée à rendre les solutions individuelles par capitalisation inéluctables. Il ouvre ainsi avec le compte pénibilité la porte aux retraites individuelles par points, niant ainsi la retraite en tant que salaire socialisé. François Hollande s’en prend parallèlement aux outils de la répartition et si salariés et entreprises sont mis à contribution, ces dernières récupèreront au centuple via la réduction des cotisations patronales sur la politique familiale ce qu’elles doivent lâcher sur les retraites. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les salaires réels qui vont baisser et le pouvoir de vivre de nos concitoyens qui sera rogné. Mais le pire est dans le postulat : cette nouvelle contre-réforme avalise et entérine les assauts précédents de Fillon, Raffarin et Balladur. Eric Woerth a beau jeu de parler de prolongement du travail initié par la droite, la Commission européenne peut se frotter les mains.

La libéralisation des marchés, cadres règlementaires et mise en concurrence de secteurs relevant de l’intérêt général, sera l’autre fil rouge gouvernemental à travers les négociations engagées dans le cadre du Grand Marché Transatlantique (GMT). Celui-ci vise, des deux côtés de l’océan, à une uniformisation par le bas  des règles pour promouvoir la sempiternelle concurrence libre et non faussée. Mais il instaure surtout une nouvelle hiérarchie du droit, les injonctions de la finance se substituant à la souveraineté des peuples par la mise en place de tribunaux d’arbitrage technocratiques entre les entreprises et les états. Où quand les représentants du peuple choisissent d’aliéner la souveraineté du mandant à la finance.

L’AGAUREPS-Prométhée est ainsi ramenée pour cette 100ème Lettre du mois au carrefour idéologique qu’elle n’a en réalité jamais quitté, celui où la souveraineté populaire rejoint la nécessité sociale, celui où la liberté du peuple à définir l’intérêt général se conjugue à la lutte des classes pour ériger la République sociale.

 

Cette 100ème Lettre du mois nous donne aussi l’occasion de tracer une perspective en invitant à se ressourcer aux événements qui ont écrit notre Histoire. C’est tout l’objet de ces « Chroniques de la République montagnarde » qui commencent dans ce numéro et qui vont nous accompagner tout le long de l’année. Au regard de l’expérience qui va de septembre 1793 à juillet 1794, nous mettrons chaque mois en relation, 220 ans après, l’un des éléments structurants de cette période.

Si la chronique de ce mois-ci sera consacrée à une re-contextualisation historique nécessaire, nous nous arrêterons dès la prochaine Lettre du mois sur la première loi cadre adoptée le 29 septembre 1793 par la Convention sur proposition de Maximilien Robespierre : la loi du Maximum. Son actualité n’aura échappé à personne à l’heure où la promesse de François Hollande de taxer les hauts revenus a été jetée par Pierre Moscovici aux oubliettes de la (petite) histoire.

 

Chacun l’aura compris, cette 100ème Lettre du mois se place comme celles qui l’ont précédée dans la recherche et la définition du sens. C’est ce travail de réflexion et de bouillonnement idéologique qui définit le mieux l’AGAUREPS-Prométhée. La Lettre du mois en est l’outil d’expression. Merci donc à toutes celles et tous ceux qui, par leurs articles, leurs brèves, ou plus simplement leurs réflexions, enrichissent chaque mois ces documents.

Et pour ne pas en rester à la célébration, c’est ici avant tout une invitation pour chacune et chacun à prendre pied dans cet espace de débat pour que la transformation républicaine, sociale, écologique et démocratique de la société fasse sens.

 

Salut et fraternité

 

 

François COCQ

Président de l’AGAUREPS-Prométhée

28 / 08 / 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Les Chroniques de la République montagnarde » :

 

De l’An II de la République à l’An II du hollandisme

 

 

La Grande révolution est un tout. Elle est l’expression première d’un processus révolutionnaire qui s’est nourrit des aspirations à la fois les plus urgentes et les plus construites, se heurtant aux puissances obscures de la réaction. Elle s’est frayée un chemin vers la liberté, l’égalité et la fraternité pour accéder à l’universel. Elle a en conséquence par la suite diffusé et imprégné son essence pour abreuver les nécessités d’aujourd’hui. C’est en cela que réside la force propulsive de la Révolution française qui pouvait faire dire à Clémenceau qu’on ne devait l’appréhender que comme un bloc : « Mais voici venir M. Joseph Reinach qui monte à cette tribune entreprendre le grand œuvre d’éplucher, à sa façon, la Révolution française. Il épluche en conscience et, sa besogne faite, nous dit sérieusement : J’accepte ceci, et je rejette cela ! (…) J’admire tant d’ingénuité. Messieurs, que nous le voulions ou non, que cela nous plaise ou que cela nous choque, la Révolution française est un bloc… un bloc dont on ne peut rien distraire, parce que la vérité historique ne le permet pas », proclamait-il à la tribune de la Chambre des députés le 29 janvier 1891. C’était évidemment bien avant que le futur président du Conseil et ministre de l’Intérieur ne s’auto-proclame « le premier flic de France », titre qui semble régulièrement conduire à se couper des racines de l’histoire du camp progressiste si l’on se réfère aussi à l’actualité la plus récente !

 

La République montagnarde qui va nous servir de miroir tout au long de cette année est plus qu’un espace temporel au cœur de cette Grande révolution. An II de la République pour les uns, Convention montagnarde pour d’autres, Terreur pour certains, la période qui va de la chute de la Gironde à Thermidor s’inscrit dans le mouvement d’affirmation de la souveraineté populaire et dans la recherche de l’intérêt général. Et ce alors même que la France est en proie aux attaques des ennemis de l’extérieur comme de l’intérieur, toile de fond qu’il convient de ne jamais oublier si l’on veut s’essayer à une appréhension honnête et objective de la réalité. En cela, la République montagnarde est englobante et constitue une forme de gouvernement révolutionnaire qui évoluera au fil des mois pour précisément s’adapter aux exigences des urgences du réel.  Les contenus et les actions doivent interpeller fortement les héritiers de l’humanisme radical à l’heure où l’oligarchie prône par les faits la politique du consensus, cette « gouvernance de la connivence » qui s’observe aujourd’hui à tous les échelons de la vie politique, des intercommunalités aux gouvernements nationaux en passant par les instances européennes ou les organes supranationaux de la mondialisation libérale.

Des Etats généraux qui se réunissent pour la première fois le 5 mai 1789 à la République montagnarde, l’historiographie réactionnaire a dans les pas de François Furet voulu remplir un album fait de bons et mauvais points. Quelle suffisance et quelle arrogance que de vouloir distinguer dans ce flot d’événements ce qui serait raisonnable de ce qui ne le serait pas. Certains aiment bien se transformer à bon compte en arbitre des élégances de salon en se déconnectant de la réalité historique. Il n’y a pire faute pour un historien digne de ce nom que de manier avec autant de légèreté l’anachronisme. Continuons donc avec Clémenceau pour nous défier de ce travers. « Suivant le mot de Michelet, à l’heure où la France était aux frontières faisant face à l’ennemi, c’est une besogne facile que de venir dire aujourd’hui à ces hommes qui ont fait la patrie, qui l’ont défendue, sauvée, agrandie : sur tel point, à telle heure, vous avez été trop loin ! ».

 

La mise en perspective à laquelle nous allons nous livrer pourra être amenée à aller puiser aux sources de la Constituante et de la Législative, à s’élever à la tribune des Jacobins, ou à retranscrire des propos de l’Ami du peuple pour bien comprendre en quoi les réalisations de la République montagnarde représentent un aboutissement du processus révolutionnaire. Mais c’est particulièrement avec la Convention, dans ses joutes politiques modernes, dans les ruptures qui s’y opèrent, qu’émergera le sens de l’action. C’est cette Convention qui le 22 septembre 1792, au lendemain de la victoire de Valmy, a décrété la République, que s’inscrira l’action gouvernementale de la Montagne.

Car la Convention est d’abord dominée par les Girondins. Noyée sous les intrigues et la corruption, louvoyante lors du procès du Roi, incompétente pour endiguer les assauts de la coalition européenne royaliste ou le soulèvement de la Vendée, elle perd rapidement sa crédibilité. Surtout, la Gironde se révèle très vite incapable de traduire la volonté du peuple.  Alors même que la misère s’abat sur les plus fragiles, son libéralisme économique et l’inaliénabilité de la propriété qu’elle défend l’amènent à refuser toute mesure de réglementation, quand bien même les accapareurs pratiquent le stockage des denrées et jouent de la hausse des prix. Ces accapareurs que l’on nommait également à l’époque « agioteurs », ce sont les spéculateurs et autres boursicoteurs de notre présent.

En effet, le clivage est double, d’ordre politique et social. Les Girondins estiment qu’une fois la République proclamée, la Révolution est finie : elle a donné suffisamment satisfaction à la bourgeoisie par l’obtention de l’égalité civile et le libre jeu du marché. Rappelons pour éviter toute confusion malencontreuse qu’avant 1789 la bourgeoisie faisait partie du Tiers-Etat : à ce titre elle était exclue du cercle des privilégiés de la société d’Ancien Régime. Les Montagnards pensent que la Révolution doit se poursuivre : le peuple des sans-culottes doit bénéficier de nouvelles conquêtes sociales afin de donner pleinement sens à la devise républicaine. De plus en plus isolée, la Gironde croit s’en sortir en jetant l’opprobre sur sa gauche comme lorsqu’elle décrète Marat d’accusation en avril 1793. Cela ne fait au contraire qu’entériner sa rupture avec le peuple et conduire à sa chute le 2 juin 1793.

 

Ni héritière, ni « fourvoyeuse », la Montagne s’efforce donc de traduire durant l’été 1793 les revendications des sans-culottes et de répondre aux urgences aux frontières ainsi qu’aux désordres intérieurs. Dans ce mouvement extraordinaire, elle prend le temps d’adopter une constitution écrite à l’encre de l’égalité et de l’humanisme. Mais le 10 octobre 1793, la Convention prend acte du fait que « le gouvernement provisoire de la France sera révolutionnaire jusqu’à la paix ». Du fait des circonstances commandées par les impératifs de l’urgence de la survie, tant politique que physique, elle met cette constitution entre parenthèses.

Pour autant, ses réalisations de juin 1793 à juillet 1794 seront immenses. Elles interrogent puissamment nos actions ou  inactions actuelles. De l’emprunt forcé sur les riches à la loi du maximum général des denrées de première nécessité et des salaires, du calendrier révolutionnaire à l’adoption du français comme langue obligatoire pour tous les actes publics, de l’abolition de l’esclavage aux colonies au rapport sur l’extinction de la mendicité, de la mise en place d’un nouveau système métrique à la création de l’école polytechnique, des lois de Ventôse à la victoire de Fleurus, la République montagnarde, consciente que l’une n’existe pas sans l’autre ni l’autre sans l’une, a cherché le chemin qui ferait se rejoindre la liberté et l’égalité.

 

Délestés de la diatribe médiatique et des contingences de la fabrication des vulgates historiques, c’est avec un regard distant de 220 ans que nous pouvons apprécier ces actions et jauger de leurs conséquences. Ces chroniques de la République montagnarde sont une invitation en creux à analyser les choix de l’An II du hollandisme avec chevillé au corps ce que fut l’An II de la République.

Les matérialistes que nous sommes ne sauraient confondre les situations et les contextes, ni vouloir transposer aujourd’hui à l’identique des recettes du passé. Par contre, c’est ce même élan révolutionnaire que nous refusons de voir retomber, cette ambition extrême pour l’Humain que nous ne voulons pas abandonner, cette souveraineté populaire et cette indépendance nationale que nous voulons préserver. Au nom de la République. Au nom du socialisme. Au nom du socialisme révolutionnaire qui est plus que jamais d’actualité. Et qui s’inscrit plus que jamais dans une perspective « prométhéenne » sans cesse renouvelée par la réflexion et l’action militantes.

 

François COCQ, Francis DASPE

28 / 08 / 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’école face au fléau de la marchandisation

 

Ce texte a été diffusé en tribune libre dans la rubrique « Débats » du site internet du Monde le 27 août 2010.

 

L’offensive néolibérale n’épargne que bien peu de secteurs dans sa volonté de faire passer la plupart des activités humaines sous les fourches caudines de la loi du marché. L’éducation n’y échappe pas : il est vrai qu’elle aiguise les convoitises. Elle recèle en effet les potentialités d’un gigantesque marché mondial. On estime à près de 1 500 milliards d’euros les dépenses annuelles consenties par les Etats, dont les trois quarts environ sont le fait des pays développés.

En bon élève de la classe, la droite française s’échine, réformes après réformes, à démanteler le système public d’éducation pour favoriser son ouverture aux intérêts privés. Les opposants à cette dérive dénoncent une marchandisation de l’école. Si le slogan a fait florès, force est de constater qu’il existe encore des difficultés à faire percevoir à l’opinion publique la réalité concrète d’une politique délibérée de marchandisation du secteur éducatif. De quoi en retourne-t-il réellement ?

La marchandisation de l’éducation s’opère de manière plus facilement reconnaissable aux deux bouts de la scolarité obligatoire, mais aussi de manière davantage insidieuse au cœur même de celle-ci.

En amont, le détricotage de l’école maternelle pour lui substituer progressivement les jardins d’éveil privés en constitue une illustration éclairante : ainsi, suite aux fermetures de classes imposées par le gouvernement, le taux de scolarisation des 2 ans est passé de 35 % à 20 % depuis 2002, et s’est surtout effondré dans les classes populaires chez qui la socialisation et l’éducation en milieu collectif sont pourtant les plus nécessaires. Au-delà de la participation financière qui va être demandée aux familles, la qualité de l’accueil sera revue à la baisse avec une diminution drastique du taux d’encadrement qui va passer de un pour huit à un pour douze et une baisse des exigences en termes de qualification !

En aval, il s’agit de briser le système public des qualifications professionnelles : il devient alors plus aisé de faire des diplômes un produit de consommation ordinaire. Un nombre croissant de formations ne se fait plus que dans des lycées privés, les sections équivalentes de leurs homologues du public étant réduites ou fermées. Il en va de même de la réforme du bac professionnel en trois ans qui favorise de fait la voie de l’apprentissage pour des élèves fragiles lors du choix d’orientation en fin de collège. La logique de l’appel d’offres à laquelle est soumise la formation professionnelle prolonge cette dynamique de privatisation progressive des voies d’accès à la qualification professionnelle.

L’entreprise de marchandisation au cœur de la scolarité obligatoire se ressent d’abord avec les demandes croissantes de participation financière des familles qui font douter au final de la réalité des principes de gratuité et d’égalité. Il faut à cet égard se défier des réponses simplistes et individualistes comme le chèque éducation qui font fi de l’intérêt général et qui au final cautionnent ces politiques. Un second levier réside dans la véritable agression publicitaire permise par la circulaire du 28 mars 2001 dont le nom « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » se passe de commentaires : parrainage d’initiatives par des entreprises privées, introduction de logos visibles dans le cadre de jeux promotionnels ou de la distribution de matériel. Ces actions permettent bien souvent à des marques de se donner bonne conscience et de se refaire une virginité à moindre frais…, sinon en s’accaparant par la contrainte culturelle de nouveaux marchés. Il est ainsi à regretter qu’en pleine crise financière, quand il faudrait justement gouverner face aux banques, des collectivités locales comme le conseil général socialiste de Seine-Saint-Denis aient succombé aux sirènes marchandes de BNP-Paribas pour mettre en place une fondation qui systématise l’intervention des entreprises dans le financement des projets pédagogiques.

Un cadre propice devait préalablement être mis en place pour permettre cette marchandisation. C’est tout l’objet de la double stratégie de la pénurie et du dénigrement. Pénurie en termes de moyens d’abord, financiers ou humains, afin de légitimer le recours au privé en le favorisant : alors que le nombre de postes offerts aux concours de recrutement des enseignants diminue drastiquement pour le public en 2010, dans le même temps il double dans le privé ! Pénurie en termes de transmission de connaissances avec des savoirs minimalistes et utilitaristes comme en attestent la définition du socle commun au collège, l’évaluation par compétences, la diminution de la place occupée par la philosophie au lycée ou de manière plus symbolique la suppression de l’Histoire et Géographie pour les terminales scientifiques.

La visée, prégnante, ne saurait être minimisée : elle repose sur le concept « d’investissement éducatif ». Au-delà d’un strict minimum qu’il incombe à un service public d’éducation réduit à la portion congrue de transmettre, les libéraux considèrent que l’usager en retirera un bénéfice individuel : l’obtention de connaissances et de diplômes ouvre la voie à un niveau de rémunération plus élevé. Par conséquent, il revient à la famille, et non à la collectivité, de payer ce qui constitue en définitive un investissement pour l’avenir. C’est ainsi qu’il faut comprendre la prolifération des cours particuliers et des entreprises privées de soutien scolaire bénéficiant de surcroît d’avantages fiscaux. Mais c’est aussi un moyen détourné de reproduction de classe, une sélection par l’argent, en permettant à ceux qui possèdent les finances pour cela de compléter la formation commune volontairement rabougrie de leurs enfants.

VISÉE UNIVERSALISTE ET ÉMANCIPATRICE

Le dénigrement ainsi orchestré surfe sur les craintes engendrées par une déstabilisation en règle de l’institution scolaire et devient une méthode systématique. Nous en avons eu un exemple récent avec l’inquiétude des jeunes professeurs néophytes devant l’indigence de la formation désormais dispensée dans le cadre créé par la réforme de la mastérisation. Pour se rassurer avant la prise en responsabilité de classes, certains se rabattent sur des stages de conseil au cours de l’été à 600 euros la semaine ! On pourrait pareillement ajouter les tentatives à peine voilées d’externaliser les tâches des conseillers d’orientation psychologues dont la présence dans les établissements se réduit.

Ces quelques exemples ont la vertu d’illustrer concrètement en quoi consiste une politique de marchandisation de l’éducation. Elle possède des implications quotidiennes dans la vie de tout un chacun, souvent sans qu’une prise de conscience ne s’opère pour percevoir l’injustice flagrante d’une telle situation qu’il serait facile d’infléchir pour peu que la volonté politique soit au rendez-vous. Les leviers sur lesquels agir pour endiguer la marchandisation de l’école sont déjà identifiés. Au niveau national se trouve la révision générale des politiques publiques (la fameuse RGPP) ; à l’échelon européen, la directive « Services » (métamorphose à peine modifiée de la célèbre directive Bolkestein) dont la transposition dans le droit français justifie l’inclusion de la petite enfance dans les activités ouvertes à la concurrence ; dans une perspective mondiale, ces tentatives constituent la déclinaison de la signature en 1994 sous le patronage de l’OMC de l’AGCS (Accord général sur le commerce des services) qui vise à étendre l’ensemble des services à la sphère marchande.

Le secteur de l’éducation, pour conserver sa visée universaliste et émancipatrice, ne peut pas être livré aux intérêts à court terme du marché contradictoires avec la réalisation de l’intérêt général. La mise en application du principe républicain « Fonds publics à école publique », cinquante ans après le serment de Vincennes appelant à l’abrogation de la loi Debré, contribuerait à endiguer la marchandisation de notre système éducatif.

Francis COCQ, Francis DASPE

La gauche doit refuser la « diversité » selon les Verts

 

Ce texte a été diffusé en tribune libre dans la rubrique « Rebonds » de l’édition du 29 mars 2011 de Libération.

 

Dans leur tribune intitulée « Manifeste pour une écologie de la diversité » (Libération du 27 janvier 2011), Noël Mamère, Esther Benbassa et Eva Joly qualifient la laïcité de « noble idée » et la République de « construction majestueuse ». Nous, membres du Parti de Gauche, qui menons de front transformation sociale et planification écologique, pourrions être rassurés de voir des responsables Verts se rallier à notre idéal. Hélas, la démonstration tourne très vite au réquisitoire quand laïcité et République sont caricaturées en « laïcisme » et « républicanisme » et se voient accusées de charrier « nationalisme exclusiviste et stérile », nostalgie colonialiste latente et islamophobie rampante. De quoi faire tomber la laïcité dans l’escarcelle d’une extrême droite qui s’approprie à bon compte un vocabulaire qui lui est pourtant totalement étranger. Les auteurs feignent de croire que l’application du principe de laïcité n’aurait d’effet que sur l’islam. Méconnaissent-ils à ce point l’histoire du combat laïque pour ne pas savoir que tous les cléricalismes aliénants et oppressifs ont été combattus ?

 

Les mêmes recourent à la sémantique naturaliste utilisée à des fins hygiénistes et assimilent certains détournements de la laïcité à des « maladies infectieuses » ou des « produits toxiques ». Sans faire le parallèle, nous invitons les auteurs à se méfier d’une telle rhétorique qui était celle des fascismes adeptes de la régénération de la civilisation et de la race. De même, lorsqu’ils en appellent à une « laïcité raisonnée » et une « diversité positive », comment ne pas y entendre l’écho de la laïcité positive formulée par Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran ?

 

Méconnaissance aussi de la force propulsive de la laïcité. En reconnaissant la capacité des hommes et des femmes à se gouverner de manière terrestre et rationnelle en dehors de toute vérité révélée, celle-ci a fondé les notions de démocratie et de peuple souverain. Elle pose les bases de la justice sociale en stipulant l’égale dignité de tous. Appliquée au champ de la diplomatie, elle invalide toutes les théories nourrissant les stratégies géopolitiques fondées sur un prétendu choc des civilisations. Elle lutte pareillement contre les idéologies conquérantes et l’invasion marchande.

 

Se revendiquer de l’écologie politique ne suffit pas pour porter un projet progressiste fondé sur des valeurs humanistes. La crise écologique, qui met en question la survie même de l’Humanité, appelle à une rupture avec le modèle capitaliste et productiviste. A cet effet ressourçons-nous à l’analyse jaurésienne. L’Etat-nation, cadre de définition de la « res publica » et d’expression de la souveraineté populaire, garantit l’existence d’une communauté politique que la mondialisation tend à disloquer. Là est le socle de tout internationalisme. Une laïcité dénaturée, ou un trop peu de laïcité, éloigne sans aucun doute de l’universalisme républicain ; beaucoup de laïcité y ramène immanquablement.

 

La République sociale reste le seul projet émancipateur. La laïcité, dans la plénitude du terme sans l’adjonction d’adjectifs qui la dévoierait, en constitue l’arche la plus solide. Le débat mérite au moins d’être mené en toute sérénité sans recourir à l’excommunication, ne serait-ce que parce que ce mot n’appartient pas au champ lexical de la laïcité….

 

François COCQ, Francis DASPE

 

 

 

De l’art de bien voter… ou de ne plus voter !

 

Ce texte a été diffusé en tribune libre dans l’édition du 31 octobre 2007 de L’Humanité.

 

Le traité européen modificatif signé au récent sommet de Lisbonne par les chefs d’État ou de gouvernement devrait être, selon les propos du président de la République Nicolas Sarkozy, ratifié par la voie parlementaire. Il s’agit d’un véritable hold-up démocratique plus de deux ans après la victoire du «non» aux alentours de 55 %, le 29 mai 2005. Il tombe sous le sens que ce qui a été décidé par référendum ne peut être modifié que par une même procédure référendaire, selon le principe difficilement contestable que seul le peuple est habilité à défaire ce qu’il a fait. Cela met en jeu le respect de la souveraineté populaire exprimée par la voie la plus démocratique qui puisse être.

Ajoutons également que ce traité modificatif n’est en rien le traité simplifié que l’on veut nous vendre. En dépit des efforts faits par ses promoteurs, il ne peut en effet être considéré comme modifié qu’à la marge par rapport au TCE. Il suffit pour s’en convaincre de lire la dernière tribune de Valéry Giscard d’Estaing, père du traité constitutionnel rejeté, parue dans un quotidien national, qui estime, en forme d’aveu, que la nouvelle mouture reprend les idées du précédent texte : pour lui, « la différence porte davantage sur la méthode que sur le contenu ». Le qualificatif de « simplifié » se révèle tout aussi abusif : les versions des deux traités ont en partage un jargon technocratique pareillement illisible.

Il paraît également difficile de parler de « mini » (traité) pour une telle somme multipliant les renvois aux traités antérieurs.

L’exigence (démocratique) d’un nouveau référendum s’impose d’autant plus qu’il faut se souvenir du profond décalage (démocratique) révélé pendant la campagne : le non l’avait emporté, alors que près de 90 % des parlementaires et des médias militaient pour le oui. Cette très nette dichotomie est extrêmement préoccupante quant au fonctionnement de notre démocratie représentative, et constitue un symptôme éclatant de la crise du politique. Tout ce qui serait de nature à l’entretenir, pire, à l’aggraver, se révélerait véritablement malvenu.

On connaissait l’art du « bien voter » qui avait été signifié il y a une dizaine d’années aux citoyens danois et irlandais : après qu’ils eurent rejeté les traités de Maastricht et de Nice, ils avaient « généreusement » bénéficié d’un second scrutin, de rattrapage, pour faire acte de contrition et invalider leur première décision. À la seule politique économique possible, il était proclamé, à grand renfort de culpabilisation de citoyens décidément fort effrontés, qu’il n’y avait à présent qu’une seule façon de voter. Une étape supplémentaire est désormais franchie : « mal voter » entraînera à présent la suspension du droit de voter ! Pas même de seconde session cette fois-ci !

Les modalités de ratification de ce traité doivent interroger au premier degré la gauche. Toute la gauche, bien entendu, et sans oublier de prendre en considération pleinement, sans l’occulter ou le minimiser, le rôle qu’a joué en 2005 le « non de gauche ». Certes, celui-ci n’était pas majoritaire à lui seul (il fut tout de même estimé entre 30% et 35% des suffrages !) mais c’est lui qui a impulsé la dynamique génératrice de l’immense mobilisation citoyenne et du débat argumenté de haute tenue qui ont mis conjointement en exergue la nature profonde du TCE.

C’est donc à cette aune que l’attitude du Parti socialiste, pourtant cruellement désavouée par sa propre base il y a deux ans, doit être appréhendée aujourd’hui. Il n’est ni concevable ni acceptable que le PS foule aux pieds l’idée même de souveraineté populaire en laissant passer par voie parlementaire l’ersatz d’un texte que les citoyens français eux-mêmes ont rejeté massivement et sans ambiguïté en mai 2005.

Il existe des principes qui ne peuvent être bradés sur l’autel de la realpolitik. Cela pose plus globalement la conception nouvelle que le Parti socialiste se fait de la vie politique.

En accréditant l’idée que seuls les deux grands partis institutionnels ont leur mot à dire sur une question aussi fondamentale, il acte de fait qu’il est seul à même d’incarner l’alternance et contribue de la sorte à imposer encore un peu plus un système binaire à l’américaine excluant toute possibilité d’alternative. Qu’importe s’il faut pour cela renier les engagements que le parti et la candidate avaient pris de concert lors des scrutins présidentiel et législatif du printemps !

Derrière ces manipulations, on voit aussi que se joue au PS la conquête de l’appareil. De calculs intéressés à court terme en alliances de circonstance, de préservation d’une unité à la fois sacralisée et instrumentalisée en renoncements peu glorieux, c’est l’image d’un parti replié sur lui-même et déconnecté de la France que donnent les socialistes. C’est surtout le triste aveu d’un parti déboussolé qui, après avoir renoncé à être une force de transformation sociale, abroge désormais l’idée même de changement. Les enjeux internes ne peuvent en aucune manière servir d’alibi à une retraite en rase campagne.

La démarche de nos actuels gouvernants et des autorités bruxelloises, mais aussi d’une partie de ce qui devrait être une opposition résolue devant un tel déni démocratique, est pour le moins singulière et cavalière. La méfiance affichée à l’égard des peuples, ce que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de manière plus tranchée de mépris, ne laisse pas augurer d’auspices engageants. Faudrait-il dans ces conditions s’étonner si les citoyens se détournaient davantage des enjeux de la construction européenne en particulier et de la vie politique en général ? La tenue d’un référendum à propos du traité de Lisbonne dans des conditions équitables peut en atténuer les effets dévastateurs, et ce quelle qu’en soit l’issue. Alors, votons !

François COCQ, Francis DASPE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sommaire des Tribunes dans les médias 

 

Tribunes Economie

 

La méthode de la régression sociale : théorie du déclin, stratégie de la « modernisation »

Tribune parue dans L’Humanité le 22 février 2005

http://www.humanite.fr/node/297711

Les mots sont détournés de leur sens par les libéraux. Celui de modernisation correspond à la notion de régression sociale. Les « déclinistes » s’emploient à la réalisation de cette sinistre imposture.

 

Une fiscalité vraiment progressive

Tribune parue dans L’Humanité le 27 juillet 2010

http://www.humanite.fr/node/450613

Le nerf de la guerre pour toute politique de transformation sociale, c’est la fiscalité. Contrairement aux craintes des riches, la fiscalité progressive est la seule qui soit porteuse de justice sociale.

 

Redonner son sens à l’impôt

Tribune parue dans L’Humanité le 18 juillet 2012

http://www.humanite.fr/tribunes/redonner-son-sens-l%E2%80%99impot-501010

Dans le cadre du nécessaire combat idéologique à mener face aux dogmes libéraux, il y a nécessité à revenir aux sources de l’impôt. Quelques formules y concourent comme celle qi fait de l’impôt du pouvoir d’achat redonné aux citoyens par l’intermédiaire du financement de services publics.

 

La transmutation de la RGPP en MAP

Tribune parue dans L’Humanité le 30 janvier 2013

http://www.humanite.fr/tribunes/la-transmutation-de-la-rgpp-en-map-514058

On pensait la RGPP (révision générale de politiques publiques) abrogée. Voilà qu’apparaît la MAP (modernisation de l’action publique). Le mot a changé, la chose pas vraiment.

 

Le commerce n’est pas la paix

Tribune parue sur Marianne le 24 juin 2013

http://www.marianne.net/Le-commerce-n-est-pas-la-paix_a229741.html

Autre imposte dénoncée dans cette tribune : le commerce n’est pas synonyme de paix. Au contraire, le libre-échange aiguise les concurrences et les conflits. Une réflexion à mettre en perspective avec l’ouverture des négociations sur le grand marché transatlantique.

 

Le débat sur les retraites est volontairement tronqué et truffé de subterfuges

Tribune parue dans L’Humanité le 28 juin 2013

http://www.humanite.fr/tribunes/le-debat-sur-les-retraites-est-volontairement-tron-544829

La question des retraites sera à n’en point douter le débat chaud de cette rentrée. Une tribune qui contribue à démasquer les manipulations auxquelles vont se livrer sans vergogne les partisans d’une réforme aux allures de contre-réforme.

 

L’austérité toujours à l’ordre du jour du FMI !

Tribune parue Mediapart le 08 août 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/080813/l-austerite-toujours-l-ordre-du-jour-du-fmi

Les rapports du FMI répondent à deux objectifs : favoriser le triomphe de l’austérité et tenter de la rendre inévitable par les populations. Cette tribune montre que le FMI ne recule devant aucune manipulation.

 

 

Tribunes Europe

 

Le clivage majeur concernait l’orientation libérale du traité

Tribune parue dans Politis le 9 février 2006.

https://agaurepspromethee.wordpress.com/2006/02/09/le-clivage-majeur-concernait-lorientation-liberale-du-traite/

Il s’agit d’une réponse à une tribune signée Alain Liepitz qui estimait, qu’après le vite non lors du référendum du 29 mai 2005 sur le traité constitutionnel européen, l’urgence était de réconcilier les oui de gauche fédéraliste et les non de gauche fédéraliste. L’AGAUREPS-Prométhée rétorque en considérant que le vrai clivage était celui de la concurrence libre et non faussée, c’est-à-dire de l’orientation libérale du traité.

 

  Gouvernance européenne de classe

Tribune parue dans L’humanité le 6 juillet 2010

http://www.humanite.fr/node/449190

Le concept de gouvernance se situe aux antipodes de la démocratie et de la souveraineté populaire. Exercée à l’échelon européen, elle favorise une politique de classe.

 

  Non, le supranationalisme n’est pas l’internationalisme !

Tribune parue sur Marianne le 3 octobre 2012

http://www.marianne.net/Non-le-supranationalisme-n-est-pas-l-internationalisme-_a223138.html

Internationalisme et supranationalisme sont deux concepts qui ne sont pas identiques. Les « européistes » tentent de le faire croire. Une mise au point utile au moment où le TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) était ratifié en force.

 

  De la prison pour 5 000 euros d’impôts de retard : le projet fou des Grecs

Tribune parue sur Rue89 le 22 mai 2013

http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/05/22/prison-5-000-euros-dimpots-retard-projet-fou-grecs-242563

L’austérité mène à toutes les dérives : la Grèce en offre un exemple éclairant. L’humain est bafoué et devient une simple variable d’ajustement.

 

  Le jeu de rôle de l’européisme de la connivence

Tribune parue sur Mediapart le 22 mai 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/220513/le-jeu-de-role-de-l-europeisme-de-la-connivence

Une tribune qui montre que les divergences entre européistes ne sont qu’un enfumage pour donner l’impression d’une démocratie qui fonctionnerait. Il n’en est rien entre acteurs se caractérisant par une grande connivence : un simple jeu de rôle.

 

Tribunes Politique 

 

Ne pas transiger avec une logique de démantèlement du territoire

Tribune parue dans L’humanité le 28 juin 2011

http://www.humanite.fr/27_06_2011-ne-pas-transiger-avec-une-logique-de-d%C3%A9mant%C3%A8lement-du-territoire-475229

Le projet de réforme des collectivités territoriales porté par Nicolas Sarkozy était une attaque délibérée contre les principes de la République. Une logique de démantèlement avec laquelle on ne peut pas transiger.

 

Une droite aux confins de l’extrême

Tribune parue dans L’Humanité le 29 juillet 2011

http://www.humanite.fr/28_07_2011-une-droite-aux-confins-de-l%E2%80%99extr%C3%AAme-477121

La droite s’est irrésistiblement déportée vers les idées d’extrême droite. Cette tribune dénonce la volonté d’acclimatation d’une partie du logiciel du Front National. L’actualité donne malheureusement crédit à cette thèse nauséabonde.

 

Primaire socialiste : « une machine à voter raisonnable »

Tribune parue sur Marianne le 18 octobre 2011

http://www.marianne.net/Primaire-socialiste-une-machine-a-voter-raisonnable_a211641.html

Une analyse à contre-courant de celle des commentateurs à l’issue de la primaire socialiste qui voyait dans le score d’Arnaud Montebourg le signe de la vitalité d’un courant de gauche au sein du parti socialiste. La faiblesse de son score témoignait plutôt du contraire : une « machine à voter raisonnable » ou une anticipation de l’expression « parti solférinien ».

 

Le vote utile ou l’abdication de la pensée

Tribune parue dans L’humanité le 16 décembre 2011

http://www.humanite.fr/tribunes/le-vote-utile-%E2%80%A8ou-l%E2%80%99abdication-de-la-pensee-486071

Le vote utile, comme seul argument électoral, traduit en fin de compte la misère du débat politique. Il marque l’abdication de la pensée.

 

Lettre à mes frères d’armes des syndicats de lutte

Tribune parue dans Mediapart le 9 février 2013

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/090213/lettre-mes-freres-d-armes-des-syndicats-de-lutte

Suite à la signature de l’accord national interprofessionnel entre des syndicats minoritaires et le patronat, une tribune de soutien aux syndicalistes déterminés à ne pas laisser le pacte républicain et social être méthodiquement détricoté.

 

Le 5 mai, nous serons tous des sans-culottes

Tribune parue sur Mediapart le 4 mai 2013

http://blogs.mediapart.fr/edition/entre-republique-et-bastille/article/040513/le-5-mai-nous-serons-tous-des-sans-culottes

Dans le cadre de la mobilisation pour la marche citoyenne contre l’austérité et pour la VI° République du 5 mai à Paris, cette tribune invite à renouer avec les références de la glorieuse Révolution française. Face aux Bastilles à faire tomber, les sans-culottes des temps modernes doivent réagir.

 

Les Femen à l’assaut du système dominant ?

Tribune parue sur Marianne le 17 juillet 2013

http://www.marianne.net/Les-Femen-a-l-assaut-du-systeme-dominant_a230450.html

Une tribune qui s’attache à déterminer la réalité du phénomène « Femen » dans la complexité d’un contenu idéologique mal connu, entre contresens, incompréhensions et critiques virulentes.

 

Tribunes Laïcité

 

La tolérance pour la tolérance… Une machine antilaïcité !

Tribune parue sur Marianne le 10 novembre 2003

http://www.marianne.net/La-tolerance-pour-la-tolerance-Une-machine-antilaicite-_a105998.html

Ne pas confondre laïcité et tolérance, tel est le message de cette tribune qui fut la première signée AGAUREPS-Prométhée à paraître dans les médias. Elle s’inscrit dans le débat portant sur le bien-fondé ou pas d’une loi interdisant les signes religieux à l’Ecole.

 

Laïcité « positive » ?

Texte diffusé le 25 septembre 2008 dans la rubrique « Courrier des lecteurs » de Politis

http://www.politis.fr/Courrier-des-lecteurs-Politis-1019,4526.html

A l’heure où il était de bon ton d’accoler des adjectifs qualificatifs à la laïcité (ouverte, positive, intransigeante etc.), un rappel utile pour montrer que la laïcité se suffit à elle-même.

 

La laïcité à l’école reste un combat

Tribune parue dans L’Humanité le 15 mai 2009

http://www.humanite.fr/node/25842

La laïcité est souvent associée à l’école, mais c’est souvent dans cette institution de la République que la laïcité est remise en cause. Elle reste donc un combat au quotidien.

 

L’enseignement public face à une concurrence déloyale et faussée

Tribune parue dans L’Humanité le 19 juin 1960

http://www.humanite.fr/node/448019

Une tribune parue à l’occasion du cinquantenaire du serment de Vincennes demandant l’abrogation des lois Debré. Celles-ci, véritable concordat qui ne dit pas son nom, constituent bien une concurrence déloyale et faussée.

 

Argent public à école publique : pour un budget de rupture

Tribune parue sur Rue89le 21 novembre 2012

http://www.rue89.com/2012/11/21/argent-public-ecole-publique-pour-un-budget-de-rupture-236969

On espérait qu’avec le changement de majorité les cadeaux faits à l’enseignement privé cessent. Hélas !, il n’en est rien. Un plaidoyer pour réserver l’argent public à l’école publique.

 

« L’esprit d’entreprise » à l’école : une atteinte à la laïcité

Tribune parue sur Rue89 le 1° mai 2013

http://www.rue89.com/2013/05/01/lesprit-dentreprise-a-lecole-atteinte-a-laicite-241969

La laïcité ne concerne pas uniquement le champ religieux. Une vision « économiste » la menace de plus en plus. Comme cet esprit d’entreprise loué par le président Hollande.

 

Tribunes Ecole et Egalité

 

L’école doit être pour tous et pour chacun ou Pourquoi la massification et la démocratisation de l’école sont-elles complémentaires ?

Tribune parue dans L’humanité le 29 août 2008

http://www.humanite.fr/node/44435 ou http://www.humanite.fr/node/44399

Les rapports entre massification et démocratisation constituent un des nœuds gordiens à dénouer d’urgence. Malentendus, confusions, fausses oppositions ont trop souvent parasité le débat. Une tribune qui vise à trouver les complémentarités entre les deux.  Une condition sine qua non à la réalisation de ce qui sera plus tard appelé l’Ecole du peuple, porteuse d’égalité et d’émancipation.

 

« Contrecarrer la dérive vers une école à deux vitesses »

Tribune parue dans Sud-Ouest le 31 août 2010

http://www.sudouest.fr/2010/08/31/contrecarrer-la-derive-vers-une-ecole-a-deux-vitesses-172793-4688.php

Au moment où les inégalités de richesses deviennent de plus en plus abyssales, les libéraux voudraient que l’Ecole se mette au diapason de la société en répercutant ce dualisme avec une Ecole à deux vitesses. Quant ce n’est pas à plusieurs vitesses. L’urgence est de contrecarrer cette dérive.

 

Les statuts des enseignants sont un bouclier pour l’intérêt général

Tribune parue dans L’Humanité le 26 septembre 2011

http://www.humanite.fr/tribunes/les-statuts-des-enseignants-sont-un-bouclier-pour-l%E2%80%99interet-general-480230

Les statuts des enseignants ne sont pas des rigidités archaïques comme tentent de le dire les libéraux. Mais au contraire un bouclier pour l’intérêt général aux multiples vertus qui sont analysées dans cette tribune.

 

L’illusion de l’égalité des chances

Tribune parue dans L’Humanité le 31 mai 2012

http://www.humanite.fr/tribunes/l%E2%80%99illusion-de-l%E2%80%99egalite-des-chances-497633

Le concept d’égalité des chances a servi de caution aux politiques libérales les plus régressives menées par les gouvernements de droite. Il a été repris par la nouvelle majorité solférinienne. Cette tribune en démontre la nature fondamentalement libérale favorisant la concurrence et la compétition à tous les étages. Il signe en fin de compte le renoncement à l’ambition collective qui devrait caractériser l’Ecole de la République.

 

L’école du peuple, c’est celle de l’accomplissement de la République sociale

Tribune parue sur Rue89 le 6 septembre 2012

http://www.rue89.com/2012/09/06/lecole-du-peuple-cest-celle-de-laccomplissement-de-la-republique-sociale-235076

L’Ecole du peuple pour laquelle nous militons doit reposer sur deux piliers : l’égalité et l’émancipation.  Deux valeurs trop souvent oubliées. Pas de République sociale sans Ecole du peuple.

 

Tribunes Offensive libérale à l’Ecole

 

« Le marché déstructure l’école »

Tribune parue le 28 octobre 2010 dans Politis

http://www.politis.fr/Le-marche-destructure-l-ecole,11963.html

La suppression de la formation des enseignants dans le cadre de la « mastérisation » n’est une question technique neutre, et encore moins pédagogique. Elle s’inscrit au contraire dans une offensive libérale : c’est bien la preuve que le marché déstructure l’Ecole.

 

Education : l’autonomie se situe au cœur même de l’idéologie néolibérale

Tribune parue sur Marianne le 16 janvier 2011

http://www.marianne.net/Education-l-autonomie-se-situe-au-coeur-meme-de-l-ideologie-neoliberale_a201653.html

L’autonomie est l’arme utilisée par les libéraux pour transformer l’école à la fois en marché et en entreprise. Les adversaires de l’Ecole de la République voudraient pourtant la présenter comme un outil idéologiquement neutre. Cette tribune démasque la supercherie.

 

Notation des enseignants : Luc Chatel est le Moody’s de l’éducation

Tribune parue sur rue89 le 10 décembre 2011

http://www.rue89.com/2011/12/10/evaluation-des-enseignants-luc-chatel-est-le-moodys-de-leducation-227406

Dans la rubrique « je transforme l’Ecole en entreprise », voici une disposition majeure : la modification de la notation des enseignants transférée aux chefs d’établissements. Une dérive managériale voulue par le ministre Chatel qui aurait changé la nature même du métier.

 

Les programmes de géographie contre l’écosocialisme ?

Tribune parue sur Marianne le 14 janvier 2013

http://www.marianne.net/Les-programmes-de-geographie-contre-l-ecosocialisme_a225637.html

La laïcité passe aussi par la neutralité des programmes scolaires. Visiblement, les programmes de géographie se nourrissent d’une vision économiste en la favorisant, aux antipodes des valeurs véhiculées par l’écosocialisme.

 

Education: la potion amère de la Cour des comptes

Tribune parue sur Médiapart le 27 mai 2013

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270513/education-la-potion-amere-de-la-cour-des-comptes

Comment dépenser moins dans l’éducation alors qu’on avait promis de dépenser plus ? En commandant (ou commanditant ?) un rapport à la Cour des comptes qui s’empresse de décliner et de justifier l’austérité…

 

Tribunes Ecole

 

Une évolution à rebours du service républicain de l’Éducation nationale

Tribune parue dans L’Humanité le 8 janvier 2010

http://www.humanite.fr/node/12238

Les réformes du quinquennat de Nicolas Sarkozy sont de véritables contre-réformes. Pour preuve, cette tribune qui montre combien quelques-unes des mesures sont l’exact contraire de décisions qui avaient structuré l’Ecole de la République depuis plus d’un siècle.

 

L’argent public part en fumée pour favoriser l’enseignement privé

Tribune parue dans l’Humanité le 11 décembre 2010

http://www.humanite.fr/10_12_2010-l%E2%80%99argent-public-part-en-fum%C3%A9e-pour-favoriser-l%E2%80%99enseignement-priv%C3%A9-459763

Une dénonciation des cadeaux faits à l’enseignement privé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et les tentatives ont été nombreuses !

 

Pour l’école, François Hollande peut mieux faire

Tribune parue sur Mediapart le 22 mai 2012

http://blogs.mediapart.fr/edition/la-bataille-de-legalite/article/220512/pour-lecole-francois-hollande-peut-mieux-faire

Le discours sur l’éducation prononcé par le nouveau président le jour de son investiture laisse poindre les futurs renoncements politiques et les contresens idéologiques. C’est ce que montre cette tribune de manière prospective. Les craintes étaient bien fondées.

 

Un examen national et anonyme au nom de l’exigence républicaine

Tribune parue sur Newsring le 19 juin 2012

http://www.newsring.fr/societe/1024-le-controle-continu-peut-il-remplacer-lexamen-final-du-bac/12710-un-examen-national-et-anonyme-au-nom-de-lexigence-republicaine

Contre ceux qui à droite et à gauche voudraient remplacer la bac par du contrôle continu, un argumentaire pour défendre le maintien d’un examen national et anonyme. Il en va de l’exigence républicaine.

 

La loi d’orientation scolaire : pour une école du peuple

Tribune parue dans Libération le 8 octobre 2012

http://www.liberation.fr/societe/2012/10/08/la-loi-d-orientation-scolaire-pour-une-ecole-dupeuple_851767

Au cœur du débat sur la loi d’orientation pour la refondation de l’Ecole de la République, un point de vue alternatif au projet Peillon. Reprenant le titre de l’ouvrage paru aux éditions Bruno Leprince, il s’agit de construire l’école du peuple qui mette l’égalité et l’émancipation à l’ordre du jour.

 

Stop à la balkanisation du système éducatif

Tribune parue dans L’Humanité le 30 octobre 2012

http://www.humanite.fr/tribunes/stop-la-balkanisation-du-systeme-educatif-507491

L’acte III de la décentralisation constitue un grave danger pour l’unité de la l’Ecole de la République, en procédant  à sa balkanisation. La territorialisation et l’adéquationnisme font courir de gros risques à la réalisation de l’égalité et de l’émancipation.

 

Tribunes Questions locales

 

Populations rurales oubliées

Tribune parue dans Sud-Ouest le 26 février 2011

http://www.sudouest.fr/2011/02/26/populations-rurales-oubliees-327846-4626.php

Dans le Sud-Gironde, les populations rurales sont les grandes oubliées. Le phénomène de métropolisation en faveur de l’agglomération bordelaise accentue la tendance. Les projets de grands projets d’infrastructure ne prennent pas en considération leurs problématiques. Cette tribune pose les bases d’une meilleure articulation entre espaces urbains et territoires ruraux.

 

Illustration des radicalités concrètes du Parti de Gauche à Perpignan

Tribune parue sur Mediapart le 16 mai 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/160513/illustration-des-radicalites-concretes-du-parti-de-gauche-perpignan

Comme dans beaucoup de communes, la gestion des parkings souterrains de stationnement est plus que sujette à caution. A Perpignan cette question prend de plus en plus d’importance. Il pourrait s’agir d’une illustration pourrait des radicalités concrètes portées par le Parti de Gauche.

 

Université de Perpignan : utiliser des arguments justes pour des causes justes

Tribune parue sur Mediapart le 31 mai 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/310513/universite-de-perpignan-utiliser-des-arguments-justes-pour-des-causes-justes

A propos du cas de l’Université de Perpignan, on a l’exemple d’une difficulté de fond et de méthode. S’il est facile de défendre des causes justes, il est parfois plus compliqué d’utiliser des arguments justes.

 

Une autre vision du sport s’impose à Perpignan

Tribune parue sur Mediapart le 11 juin 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/110613/une-autre-vision-du-sport-s-impose-perpignan

A partir de la relégation de l’équipe féminine de basket-ball de Perpignan, la question d’une autre politique sportive à l’échelon local est posée. Cette vision invite à se ressourcer, sans tomber pour autant dans l’anachronisme, aux projets du Front Populaire portés par Léo Lagrange.

 

  A Perpignan, le Front National ne doit pas être dé-diabolisé

Tribune parue sur Mediapart le 2 juillet 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/francis-daspe/020713/perpignan-le-front-national-ne-doit-pas-etre-de-diabolise

Après la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, la question de comment réduire l’influence du Front National se pose avec davantage d’acuité. A Perpignan, elle se posera bien évidemment. Une tribune qui propose des pistes pour ne pas dé-diaboliser le Front National.


[1] Pour cette 100° Lettre du mois de l’AGAUREPS-Prométhée, nous avons sélectionné trois tribunes représentatives de la diversité de nos réflexions et de nos prises de positions depuis plus de dix ans. La première que vous retrouverez un peu plus loin dans la rubrique « Florilège de tribunes dans les médias » aborde la question de la marchandisation de la sphère de l’éducation, thématique longtemps considérée comme secondaire dans les débats portant sur l’Ecole (parue sur le site du Monde). La seconde traite de la question de la laïcité, valeur républicaine trop souvent bafouée (parue dans Libération). La troisième dénonce le subterfuge qu’a été l’adoption du traité de Lisbonne par la voie parlementaire, au mépris du vote populaire exprimée lors du référendum sur le traité constitutionnel européen le 29 mai 2005 (parue dans L’Humanité). Voir à partir de la page 5.

Cette sélection, si elle se veut significative, ne recoupe pas cependant l’ensemble des champs traités par l’AGAUREPS-Prométhée. C’est pour cela que nous proposons ci-après un sommaire de la quasi-totalité des tribunes diffusés dans les médias par des membres de l’AGAUREPS-Prométhée. Chacune d’elle est accompagnée du lien permettant de les consulter sur le site internet du média concerné et d’un rapide commentaire. Voir à partir de la page 10.

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